LE MAGAZINE DU COUVRE-PLANCHER PLANCHERS • MURS • PLAFONDS • COMPTOIRS VOUS INFORME DEPUIS DÉJÀ JUILLET•AOÛT•SEPTEMBRE 2025 VOLUME 41 NO 3 DOSSIER EXPOSITION APDIQ DES REVÊTEMENTS CHALEUREUX UN RETOUR SUR COVERINGS ET NEOCON 90 ANS D’UNE HISTOIRE BIEN REMPLIE
VOL. 41 NO 3 4 VOL. 41 NO 3 5 Soury Communications ltée 2105, rue de Salaberry Saint-Bruno-de-Montarville (Québec) J3V 4N7 Téléphone : 450 441-4243 sourycom@gmail.com magazinesurface.ca RÉDACTION David-Alexandre Beaulieu Pierre Hébert Oussema Ben Mahmoud Yves Rivard Marcel Soucy Karine Tremblay RÉVISION Carole Hébert IMPRESSION Publications 9417 Ce magazine est imprimé sur un papier certifié FSC® recyclé 30 % postconsommation. TIRAGE 4 000 exemplaires DÉPÔTS LÉGAUX Bibliothèque nationale du Canada ISSN1490-8417 Bibliothèque nationale du Québec Envoi de publication Convention no 40027121 Le magazine Surface est l’organe d’information de l’industrie du couvre-plancher au Québec. Il est publié quatre fois par année à l’intention des architectes, fabricants, distributeurs, designers d’intérieur, détaillants, décorateurs et poseurs. Les opinions exprimées par les collaborateurs n’engagent qu’eux-mêmes et les annonceurs conservent l’entière responsabilité du contenu et de la forme de leur publicité paraissant dans la revue. Toute reproduction d’articles ou d’illustrations doit clairement mentionner la provenance de cette information. MOT DE L’ÉDITEUR Il a fait chaud cet été. 8 DOSSIER Des revêtements rafraîchissants. 10 EXPOSITION Retour.sur Coverings. 16 Retour.sur le NeoCon. 28 CHRONIQUE MERCIER Toute la versatilité du bois franc. 22 CHRONIQUE TAIGA L’IA n’est jamais en pause-café. 34 LES 90 ANS DE L’APDIQ Une histoire bien remplie. 38 CHRONIQUE CENTURA Bioloop : la technologie au service du tapis. 42 BBQ PROSOL Bleu Jeans Bleu et steaks. 46 COUVERTURE Le plancher Dawnwood fait partie de la nouvelle collection NXWOOD PRO proposée par Fuzion. Pour plus d’information, allez en page 52. TOURNOI FQRS Soleil, sourires et bonne humeur. 48 NOUVEAUTÉS Le NXCORE de Fuzion. 52 Du caoutchouc « mur à mur pour » American Biltrite. 54 CHRONIQUE PLANCHER Le caoutchouc a toujours sa place. 56 ÉVÉNEMENTS Coup d’œil sur les expositions. 60 SOMMAIRE VOUS INFORME DEPUIS DÉJÀ
VOL. 41 NO 3 8 Même si nous n’avons pas connu l’été le plus chaud depuis le début de l’ère industrielle, il est indéniable que le réchauffement de la planète est un scénario irréversible. Résultats de cette hausse continue de la température terrestre : la nature se déchaîne de plus en plus souvent. L’Europe s’est enflammée avec plus d’un million d’hectares de forêts brûlés qui ont fait au moins 20 morts et obligé le déplacement de 80 000 personnes. Dans l’Ouest canadien, 2025 a été la deuxième pire saison en termes de superficie brûlée avec 6,6 millions d’hectares envolés en fumée. Il y a eu aussi d’immenses feux de forêt dans les Prairies canadiennes, ce qui a provoqué une détérioration marquée de la qualité de l’air au Québec. Au début du mois de juin, une épaisse couche de fumée provenant des feux des Prairies enveloppe le sud du Québec, y compris Montréal, Gatineau et Québec. Ces jours-là, Montréal s’est classée parmi les pires villes au monde pour la qualité de l’air selon IQAir. Le 26 juillet, la métropole du Québec enregistre la pire qualité de l’air au monde. ON MANQUE D’EAU MALGRÉ LES ÉPISODES DE PLUIES TORRENTIELLES Les scientifiques nous confirment que les « événements de type centennaux » se produisent désormais beaucoup plus souvent. Autrement dit, des tragédies autrefois très rares sont devenues monnaie courante à cause des chaleurs accrues et d’une atmosphère plus humide. Exemple : neuf tempêtes centennales ont touché la Caroline du Nord depuis 1999. Les données de la NASA montrent que les inondations et sécheresses sont aujourd’hui deux fois plus fréquentes et intenses par rapport à la période 2003–2020, un signal d’alerte clair au sujet de l’impact climatique sur l’hydrologie mondiale. Au Canada, le gouvernement fédéral a alloué 6,8 millions de dollars à 20 projets sur le territoire pour renforcer la cartographie des zones inondables, améliorer les modèles de risque et intégrer les savoirs autochtones dans la planification. Au Québec, plus de 3,6 millions de dollars sont dédiés à des projets d’adaptation incluant la création de scénarios de climat futur, d’outils d’anticipation et de réseaux de partage de connaissances. Des experts soulignent que l’urbanisation croissante, le climat changeant, et les sols imperméables (dans les milieux urbains denses comme Montréal ou Toronto) rendent les infrastructures actuelles vulnérables aux inondations subites. Cela appelle à des investissements massifs et rapides pour renforcer les systèmes hydriques, comme les égouts pluviaux. Il ne suffit plus d’activer le système d’alarme, il faut agir au plus sacrant. Nous vous présentons, dans ce numéro, un dossier sur des solutions concrètes pour contrer les effets pervers des îlots de chaleur des grandes villes comme Montréal. Ce dossier a été mené par Yves Rivard. Je vous invite à le lire des pages 10 à 15. C’est très rafraîchissant. Je vous invite aussi à lire René Laprise, un nouveau chroniqueur, qui déclare que l’intelligence artificielle ne prend jamais de pause-café. A-t-il raison? Voyez comment en page 34. Bonne lecture, Marcel Soucy Éditeur UN ÉTÉ TROP CHAUD MOT DE L’ÉDITEUR
VOL. 41 NO 3 10 VOL. 41 NO 3 11 Contrer les effets des îlots de chaleur est à l’agenda de la plupart des municipalités et des institutions québécoises. Il est bien connu que lors de la réalisation de projets, très (trop) peu d’informations portant sur le choix des revêtements de sol utilisés filtrent dans les discours et articles de couverture. Surface vous présente donc un tour d’horizon, certes non exhautif, sur les différentes méthodes, pratiques et produits qui entrent dans l’élaboration de concepts urbains récents. Lisez les propos des professionnels de l’Association des architectes paysagistes du Québec (AAPQ), d’Écohabitation, de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie et de l’ordre des Urbanistes du Québec pour en apprendre davantage! Afin de contrer l’effet d’îlots de chaleur urbains, tous les experts le confirmeront, il importe de choisir des revêtements de sol qui limitent l’absorption de chaleur et favorisent le rafraîchissement. Il est connu que les matériaux perméables, comme les pavés poreux ou les dalles à gazon, permettent à l’eau de s’infiltrer, ce qui rafraîchit l’atmosphère par évaporation. En parallèle, l’augmentation de l’albédo (réflexion de la lumière solaire) des surfaces, en utilisant des matériaux plus clairs, contribue également à réduire l’accumulation de chaleur. Il est aussi bien connu que les îlots de chaleur urbains sont causés, en partie, par les matériaux de surface utilisés dans les aires de stationnement, les rues et ruelles. L’asphalte, largement utilisé comme revêtement dans ces espaces, entraîne une hausse des températures due à son indice de réflectance solaire (IRS) quasiment nul et son imperméabilité. Pour rappel, l’IRS est un indice exprimé par un nombre allant de 0 à 100 combinant la capacité d’un corps d’absorber et de réémettre de la chaleur (émissivité) et la fraction du rayonnement solaire qui est réfléchi par une surface (albédo). Plus l’IRS d’un matériau est faible (tend vers 0) et plus celui-ci participera activement à la hausse des températures. À l’inverse, un matériau à IRS élevé (qui tend vers 100) conservera une température fraîche, peu importe la puissance du rayonnement solaire auquel il est exposé. Ainsi, un revêtement de sol partiellement perméable, tels les pavés de béton drainants ou le pavé alvéolé, contribuera également à la réduction des températures par l’évaporation de l’eau de pluie. Au Québec, les voies de remplacement de l’asphalte les plus répandues dans les aires de stationnement sont les pavés de béton drainant, le végécol et le pavé alvéolé. Avant de passer aux entrevues, il importe de souligner que ces revêtements de sol coûtent encore relativement cher. Cependant, certains d’entre eux, comme les pavés de béton drainants, semblent plus durables sur le long terme, en plus de simplifier les réparations (retrait des pavés, réalisation des travaux, et remise en place) sans oublier leur rôle dans la gestion de l’eau pluviale. De plus, certains revêtements, tels que le pavé alvéolé, sont plus adaptés à des espaces de stationnement moins fréquemment utilisés dans la journée, laissant ainsi à l’herbe de la lumière pour pousser. Aide-mémoire + visuel tableau • La couleur claire (IRS élevé) du revêtement diminue les températures ambiantes par rapport à l’asphalte de couleur foncée (IRS faible). • Les revêtements perméables permettent l’infiltration de l’eau dans le terrain et de réduire ainsi la quantité d’eau rejetée à l’égout. • Les revêtements ont une apparence visuelle plus intéres- sante que l’asphalte. • Les pavés de béton ont un bilan GES à la production plus élevé que l’asphalte, mais ils sont plus durables que ce dernier. Quant au Végécol, celui-ci est moins polluant que DOSSIER DES REVÊTEMENTS RAFRAÎCHISSANTS par Yves Rivard l’asphalte à la production, mais aussi plus durable, bien qu’imperméable. LE VÉGÉCOL, CELUI QUI GAGNE À ÊTRE CONNU Un produit intéressant que ce Végécol, revêtement constitué essentiellement d’un liant translucide d’origine végétale et de granulats naturels, sans aucun dérivé pétrochimique. Ce produit breveté par la multinationale Colas est commercialisé au Québec depuis 15 ans par la compagnie Sintra. Ce revêtement a la particularité de prendre la coloration des granulats qui le composent (ocre, rouge, marron, gris) et de pouvoir aussi être coloré en y ajoutant des pigments de couleur, une caractéristique qui contribue à réduire l’effet d’îlot de chaleur en milieu urbain. Il convient, entre autres, au pavage d’allées piétonnières, de trottoirs, de stationnements, de pistes cyclables, d’abords de piscines et d’entrées résidentielles. Comme il s’agit d’un enrobé tiède appliqué à 120 degrés Celsius au lieu de 160 degrés Celsius, cela en fait un produit plus respectueux de l’environnement en réduisant la consommation d’énergie et les émissions de GES au moment de sa production. Il peut d’ailleurs avoir un impact direct sur au moins huit crédits LEED. I – LES CHOIX DE L’ARRONDISSEMENT DE ROSEMONT — LA PETITE PATRIE En juin dernier, l’arrondissement de Rosemont — La Petite-Patrie célébrait la fin d’un projet de réaménagement majeur et la création d’un nouveau cœur de quartier, réalisé grâce à des investissements à hauteur de 8,6 M$ : Le P’tit Beaubien. Autrefois fortement minéralisé et caractérisé par un urbanisme des années 60, ce secteur commercial de proximité a été entièrement réaménagé, en adéquation avec les priorités exprimées par la communauté lors de la démarche de planification locale du territoire Rosemont — La Petite-Patrie, un quartier à la fois, pilotée par l’Arrondissement en 2023 et 2024. L’endroit, situé sur la rue Beaubien Est, entre la 38e Avenue et la 41e Avenue, a ainsi bénéficié d’un concept global, incluant le revêtement de sol. Judith Gratton-Gervais, conseillère en planification des communications - Division des communications et des relations avec les citoyens, Direction des relations avec les citoyens, des services administratifs et du greffe pour l’arrondissement de Rosemont — La Petite-Patrie, a accepté de répondre à nos questions. Q1 — Un revêtement de chaussée distinctif a été utilisé dans le cadre du projet de réaménagement du secteur commercial du P’tit Beaubien. Serait-il possible de préciser sa nature et les raisons qui vous ont amené à prendre cette décision de conception? Judith Gratton-Gervais : Dans le cadre du réaménagement du secteur du P’tit Beaubien, des revêtements distinctifs ont été choisis pour améliorer l’expérience urbaine, la cohabitation et la sécurité des usagers et usagères de la voie publique. Le traitement au sol dans cette zone commerciale de quartier inclut un béton avec agrégats apparents, qui offre une texture distincte. Ce type de revêtement permet de différencier les espaces piétons des voies de circulation, tout en ajoutant une signature esthétique locale qui s’intègre bien à l’environnement urbain. Dans le cadre du projet, la place de la 40e avenue a été aménagée avec une chaussée surélevée, également en béton avec agrégats apparents, afin de ralentir la circulation automobile, de sécuriser les traversées piétonnes et de signaler l’entrée dans
VOL. 41 NO 3 12 VOL. 41 NO 3 13 un espace public animé. Par ailleurs, les terrasses publiques du projet et certains trottoirs ont été réalisés en bois, afin d’apporter une touche chaleureuse et de marquer visuellement la placette, tout en permettant une percolation des eaux de ruissellement. Q2 — Est-ce que d’autres types de revêtements de sol ou de chaussée distinctifs ont été utilisés dans d’autres projets urbains réalisés par l’Arrondissement? Si oui, lesquels et pourquoi? J.G-G : Oui, plusieurs projets réalisés par l’Arrondissement ont intégré des revêtements de sol distinctifs, choisis en fonction de leurs qualités environnementales, fonctionnelles et de leur intégration au contexte urbain : Place Boyer — réalisation 2024-2025 : utilisation d’une plateforme en caillebotis pour favoriser la collecte de l’eau de pluie et limiter l’imperméabilisation des sols. Ce choix permet une meilleure gestion des eaux, contribue à la résilience climatique et assure l’accessibilité universelle des voies piétonnes sur le site. Carré Augier — réalisation 2024-2025 : également aménagé avec une plateforme en caillebotis, dans une volonté de réduire l’usage du béton et de laisser plus de place à la végétation, tout en assurant la perméabilité du sol et une accessibilité universelle accrue. Parc Montcalm — réalisation 2024-2025 : revêtement des sentiers en pavé et criblure de pierre, une solution plus classique mais adaptée à l’usage du parc et à son intégration paysagère. Revêtement de l’aire de jeux mixte alliant fibre de bois et tapis perméable pour une accessibilité optimale. Parc Rosemont — réalisation 2022-2024 : utilisation d’un pavage perméable à base de résine, qui permet le drainage de l’eau tout en offrant une surface stable et accessible universellement. Ces choix témoignent d’une volonté de l’Arrondissement de favoriser des matériaux durables et écologiques dans ses projets, et ce, tout en priorisant l’accessibilité universelle de l’espace public, et en assurant une cohérence avec les différents usages et les aménagements environnants. Q3 — Quels fournisseurs proposent le type de revêtement recherché pour vos projets? J.G-.G. : Dans le cadre des projets, le choix des fournisseurs ne se fait pas à l’avance par l’équipe de conception. Les professionnels et professionnelles spécifient les types de revêtement par critère de performance et non par modèle ou fournisseur. Il est DOSSIER Place Rosemont plutôt déterminé dans le cadre du processus d’appel d’offres public, auquel l’entrepreneur général soumissionne. Ce processus, encadré par la Ville de Montréal, repose sur des principes d’équité, de neutralité, de transparence et d’ouverture, assurant que tous les fournisseurs intéressés ont une chance égale de participer. L’entrepreneur est donc sélectionné en fonction des propositions reçues et des critères établis dans les documents d’appel d’offres. Q4 — En est-on arrivé, avec l’expérience (nombre de projets réalisés) et l’analyse de données suivant la complétion de chaque projet, à des solutions, des concepts applicables partout en contexte similaire? J.G.G. : Chaque projet étant unique, les solutions et matériaux choisis ne sont pas toujours transférables tels quels. Il ne s’agit donc pas d’appliquer une formule standard, mais de s’appuyer sur de bonnes pratiques, comme les revêtements perméables, les matériaux locaux ou les parcours piétons accessibles, que nous adaptons selon le contexte. Ces choix sont réfléchis dès la conception pour assurer une cohérence globale entre les usages, les matériaux et les objectifs environnementaux, tout en tenant compte du milieu et des usagers du site. Q5 — Les revêtements de sol choisis arrivent-ils en dernier dans l’élaboration d’un projet ou sont-ils considérés en amont pour leurs qualités intrinsèques et leurs capacités d’intégration? J.G.G. : Les revêtements de sol ne sont pas une décision prise en fin de parcours : ils sont considérés dès la phase de conception du projet. Leur sélection repose à la fois sur leurs qualités intrinsèques, comme la durabilité, l’accessibilité, la performance environnementale ou l’esthétique, et sur leur capacité à s’intégrer harmonieusement dans l’ensemble des aménagements. L’objectif est de créer un tout cohérent, où chaque matériau contribue à l’identité du lieu, à la fluidité des parcours et à l’expérience des usagères et usagers. Le choix du revêtement participe donc pleinement à la vision d’ensemble du projet, tant sur le plan fonctionnel qu’identitaire. 2 – ÉCOHABITATION : L’EXPERT EN BÂTIMENT DURABLE Écohabitation est un organisme à but non lucratif qui facilite l’émergence d’habitations saines, économes en ressources et en énergie et abordables. En ligne depuis 2001, l’organisme est un chef de file en matière d’habitation durable, d’efficacité énergétique et de résilience climatique. L’entité réalise sa mission par des activités de promotion, de formation et d’accompagnement auprès du grand public, des intervenants du secteur de l’habitation (RBQ, SCHL) et des décideurs politiques. Ian Sabourin-Somers, ing., M.Ing., conseiller technique, apporte des précisions sur les méthodes et pratiques en cours. « Dans le cadre de ses interventions, Écohabitation réalise des analyses de résilience climatique de sites, dans le but d’évaluer dans quelle mesure un bâtiment à construire ou existant présente des vulnérabilités aux différents aléas climatiques, notamment les îlots de chaleur. Des comparaisons sont effectuées entre les superficies minéralisées et les aires végétalisées, les zones urbaines et périurbaines, etc. », explique ce dernier. Interrogé au sujet des choix en matière de revêtements de sol aptes à faire la différence, il explique le processus. « Notre site Internet présente un répertoire de fournisseurs de revêtements de sol qui s’inscrivent dans les méthodes, pratiques et objectifs d’Écohabitation. On y retrouve ainsi des produits de couleur claire et naturelle. La première étape de lutte contre les îlots de chaleur demeure toujours de réduire la surface transformée et d’intégrer un maximun de surface végétalisée. Il convient Place Montcalm Place Boyer
VOL. 41 NO 3 14 VOL. 41 NO 3 15 ensuite de trouver et d’utiliser des revêtements perméables, tels que le gravier ou le paillis, qui s’avère d’ailleurs plus naturel. Lorsque vient le temps de minéraliser, on optera pour des revêtements de sol clairs, plus organiques, tels que le bois, ou du béton, préférable à l’asphalte. Tout vise à faire en sorte de capter et d’emmagasiner le minimum de rayonnement solaire et d’ainsi minimiser l’effet d’îlot de chaleur de jour comme de nuit. Le recours à des matériaux clairs génère un plus grand IRS et réduit donc considérablement l’indice de chaleur captée par rapport à un matériau de couleur foncée. » M. Sabourin-Somers renchérit : « Ces revêtements de sol doivent être installés en synergie d’efficience avec les murs passants d’une rue. Ces derniers, qui sont souvent faits de brique, de métal ou d’aluminium noir, absorbent beaucoup de rayonnement solaire. Le choix de compléments techniques, tels que la végétation, les paresoleil et artefacts générant de l’ombre, viennent renforcer l’efficience du revêtement de sol. » À ce propos, le choix du revêtement de sol pour un projet donné arrive-t-il à la fin du processus d’élaboration d’un projet? « Pour Écohabitation, les revêtements de sol sont pris en considération en amont lors de la conceptualisation d’un projet. Mais le choix final se fait souvent par les architectes paysagers et les spécialistes de l’aménagement. C’est aussi le cas dans le secteur résidentiel », note ce dernier. Avec le temps et les résultats générés par la collecte de données suivant la complétion des projets, en arrive-t-on à développer des systèmes ayant fait leurs preuves et pouvant être presque automatiquement appliqués dans des contextes similaires? Une sorte de prêt-à-installer? « Je dirais que les meilleurs exemples de projets sont ceux relevant de la certification LEED. Les réglementations municipales ayant tendance à hausser les surfaces végétalisées, à minimiser la perte d’arbres lors de projets de construction ou d’agrandissement, fonctionnent très bien pour les revêtements de sol des aménagements extérieurs. Ces surfaces optimisées étant beaucoup plus confortables et agréables attirent davantage les consommateurs lorsqu’on parle d’aires commerciales. Même constat dans les projets de réaménagement de cours d’école, où les analyses thermographiques aériennes révèlent de grandes différences entre les zones asphaltées et les aires gazonnées et/ou végétalisées ou recouvertes de paillis », précise M. Sabourin-Somers. Et qu’en est-il de l’intégration du bois québécois dans ces projets? On se rappellera qu’un Plan de mise en œuvre 20212026 de la Politique d’intégration du bois dans la construction du gouvernement du Québec avait souligné l’importance d’intégrer ce matériau local, durable, renouvelable et reconnu pour sa contribution à la lutte contre les changements climatiques. M. Sabourin-Somers à ce sujet : « Il s’agit effectivement d’une excellente ressource organique avec un potentiel de certification garantissant la gestion durable de nos forêts. On voit ce dernier gagner en popularité sous forme de paillis dans l’institutionnel et le commercial, mais en tant que revêtement de sol, outre dans le résidentiel, il se fait plus discret. Probablement du fait qu’il nécessite de l’entretien, du vernissage. Les gestionnaires privilégient des surfaces ne nécessitant que très peu d’entretien. Cela dit, les matériaux composites à haute densité de couleur claire s’avèrent intéressants en ce qu’ils captent moins de rayonnement solaire, par rapport à ceux de faible densité qui emmagasinent la chaleur et rendent leur utilisation inconfortable, notamment dans les zones piétonnières. » En conclusion, Ian Sabourin-Somers apporte ces quelques mots : « J’aimerais aussi parler de pavés alvéolés, qui constituent des produits très intéressants, qui minimisent la surface minéralisée, maximisent les infiltrations d’eau et luttent contre les îlots de chaleur. Seuls petits bémols, pour le moment, ils ne se sont pas recommandés pour les espaces où des véhicules lourds circulent. Pas plus que pour les espaces de stationnement où les voitures peuvent rester longtemps sur place, ce qui cause un ombrage permanent et qui rend la pousse de végétation plus difficile. 3 – Du point de vue des architectes urbanistes Fondée en 1965, l’Association des architectes paysagistes du Québec (AAPQ) est une organisation professionnelle faisant partie de l’Association des architectes paysagistes du Canada (AAPC/CSLA) et de la Fédération internationale des architectes paysagistes (FIAP/IFLA). Elle représente plus de 500 membres agréés et plus de 150 membres stagiaires, travaillant dans divers secteurs au Québec, y compris les secteurs public, privé, institutionnel, communautaire et universitaire. Claudia Villeneuve, qui en est la présidente, a accepté de nous livrer ses observations et commentaires en lien avec notre thématique. « Considérer l’apport des revêtements de sol dans le cadre de projets d’aménagements visant à contrer les effets des îlots de chaleur figure certainement à l’agenda de tout architecte paysagiste puisque les municipalités revoient ponctuellement leur réglementation à cet égard, explique d’entrée de jeu Mme Villeneuve. Les indices de réflectance solaire ont tendance à augmenter, d’où la recherche de matériaux, de stratégies à même de satisfaire à ces normes haussières. Pour l’heure, il va sans dire que le béton gris ou blanc (plus onéreux) naturel est largement accepté, tout comme le granit et la poussière de pierre. Dans tous les cas, l’objectif est d’opter pour les couleurs les plus pâles possibles. » Comme le précise la présidente, les architectes paysagistes interagissent également avec les différents fournisseurs au sujet des différents IRS des matériaux disponibles. Dans la recherche de solutions performantes et de stratégies menant à une certification LEED, le bois, bien que perçu comme un matériau d’excellence, serait souvent exclu des projets et des spécifications pour cause de nécessité d’entretien. Appuyant les propos d’Ian Sabourin-Sommers d’Écohabitation cités plus avant, Mme Villeneuve commente : « Le bois, c’est extraordinaire pour les terrasses et autres, mais dans les projets publics d’envergure, c’est plus complexe. Les clients hésitent à considérer l’entretien dans l’élaboration de projets. C’est certainement faisable, mais ça vieillit plus rapidement, ça se décolore, et après quelques années, c’est à refaire au complet. Cela dit, on l’utilise beaucoup pour le mobilier urbain. » Récapitulatif : si le revêtement de sol est considéré assez rapidement dans le processus de spécification, pour l’heure, le béton apparaît plus souvent qu’autrement à titre de grand favori. Relève-t-il donc presque de l’automatisme dans le cas de projets publics? « Pour ma part, je n’ai jamais connu de projets pour lesquels les indices d’IRS étaient mesurés après réalisation. Les professionnels se basent plutôt sur les fiches de produits présentées par les fournisseurs. Par exemple, si une réglementation prévoit qu’un indice d’IRS inférieur à 29 n’est pas autorisé, ils se référeront à ces spécifications de produits pour déterminer les matériaux et minéraux pertinents. Tout comme ils le feront pour l’ensemble des matériaux de chaque projet », souligne Mme Villeneuve, qui ajoute que chaque spécialiste de l’AAPQ se garde à jour à tous les niveaux, des méthodes et pratiques aux produits et services de l’industrie. DOSSIER
VOL. 41 NO 3 16 VOL. 41 NO 3 17 EXPOSITION COVERINGS tiré d’un texte publié par Alena Capra LES GRANDES TENDANCES CÉRAMIQUES 2025 RÉVÉLÉES À L’OCCASION DE LA JOURNÉE NATIONALE DU CARRELAGE La plus grande vitrine nord-américaine consacrée aux carreaux de céramique et aux pierres naturelles a dévoilé les grandes tendances carrelage de l’année 2025, et ce, à l’occasion de la Journée nationale du carrelage, célébrée le 23 février 2025. Cette sélection soigneusement élaborée met en lumière une fusion entre l’artisanat traditionnel et l’innovation de pointe, annonçant les orientations futures de l’univers céramique et réaffirmant le rôle de premier plan de ce matériau dans le design et l’installation. La Journée nationale du carrelage sert de plateforme précieuse pour souligner les nombreuses qualités de la céramique, telles que sa durabilité exceptionnelle, sa beauté intemporelle et sa durabilité environnementale. Elle met également en évidence les multiples avantages du carrelage dans un large éventail d’applications, qu’il s’agisse d’espaces résidentiels, commerciaux, hôteliers, industriels intérieurs et extérieurs. Ces tendances ont été dévoilés lors de Coverings 2025, qui s’est tenu du 29 avril au 2 mai 2025 au Centre de congrès du comté d’Orange, à Orlando. Les 10 tendances de 2025 ont été sélectionnées par les trois grandes associations internationales partenaires de Coverings — Ceramics of Italy/Confindustria Ceramica, ASCER/Tile of Spain et le Tile Council of North America (TCNA) — et mettent en avant les designs les plus recherchés et les plus stylés du secteur mondial du carrelage. Alena Capra, porte-parole de Coverings, fondatrice de Alena Capra Designs et designer certifiée spécialisée en cuisines et salles de bains, a collaboré avec les associations pour repérer les tendances qui devraient dominer le marché du design et de l’installation tout au long de l’année. « Les tendances 2025 illustrent le potentiel illimité du carrelage céramique dans les espaces résidentiels, commerciaux et hôteliers, en soulignant sa polyvalence exceptionnelle, sa durabilité supérieure et ses avantages en matière d’hygiène », explique Alena Capra. « La Journée nationale du carrelage est bien plus qu’un aperçu des tendances : c’est une occasion de célébrer les multiples atouts du carrelage en tant que matériau de construction écologique et de premier plan. » Alena Capra a d’ailleurs animé une conférence intitulée « Tendances céramiques mondiales », lors de Coverings 2025, le mardi 29 avril de 11 h à 12 h (EDT), aux côtés d’un panel d’experts de l’industrie. Cette présentation a été une véritable immersion visuelle et technique dans les nouveaux styles de céramique, appliqués aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. LES 10 GRANDES TENDANCES DU CARRELAGE POUR 2025 Couleurs du sable Inspirées des teintes riches et apaisantes des plages, déserts et fonds marins, les couleurs du sable offrent une palette chaude et naturelle, allant du blanc cassé au beige doré, brun fauve et ocre. Ces teintes neutres favorisent des ambiances reposantes, tout en s’intégrant facilement à une infinité d’applications, en intérieur comme en extérieur. Technologie discrète À l’ère de l’intelligence artificielle et de la maison connectée, le carrelage céramique devient un support intelligent. Non conducteur, il protège les systèmes électriques tout en intégrant des innovations telles que l’éclairage LED sensible à la pression ou la cuisson par induction, alliant performance technologique et esthétique raffinée. Expérience holistique Face aux enjeux climatiques, l’architecture se tourne vers des matériaux naturels et durables. Grâce à leur résistance à l’humidité, les carreaux favorisent la présence de plantes en intérieur. Les technologies d’impression numérique permettent aussi de recréer fidèlement les détails organiques, pour une ambiance biophilique riche et authentique. Lignes, lignes, lignes Les motifs rayés, nervurés ou cannelés sont à l’honneur cette saison. Les avancées 3D permettent de créer du relief, des jeux d’ombre et de lumière, et de la profondeur, tout en dynamisant les espaces grâce à des motifs géométriques audacieux.
VOL. 41 NO 3 18 VOL. 41 NO 3 19 Immersion minérale Le color drenching (immersion de couleur) s’exprime à travers les panneaux en grès cérame grand format. Inspirés du marbre, de l’onyx ou du travertin, ces carreaux recouvrent sols, murs, comptoirs et même meubles pour créer un effet visuel immersif et sophistiqué. Art de la mosaïque Les mosaïques font un retour remarqué en grand format. Qu’elles soient taillées à la main ou découpées dans des panneaux de porcelaine imitant la pierre, elles marient esthétique traditionnelle et performance contemporaine. Elles s’imposent comme des éléments décoratifs centraux, quel que soit l’espace. Reconnexion humaine À l’heure du tout-numérique, les consommateurs recherchent une dimension tactile et artisanale. Les carreaux s’inspirent de matériaux faits main — papier ondulé, textile, bois sculpté — et intègrent des gravures florales ou des reliefs en volume, entre artisanat et technologie. EXPOSITION COVERINGS révolutionne votre environnement Vue sur la ville Côté jardin Côté cours
VOL. 41 NO 3 20 VOL. 41 NO 3 21 COVERIGNS Design sensoriel Le design ne se limite plus au visuel. Grâce aux nouvelles techniques décoratives numériques, les carreaux imitent parfaitement les textures naturelles. Sans COV, la céramique n’absorbe pas les odeurs, contribuant ainsi à un environnement propre, sain et agréable au toucher et à l’odorat. Veines dorées L’esthétique du marbre est sublimée par des veinures dorées, apportant chaleur, élégance et sophistication. De nouvelles techniques d’émaillage permettent des effets métalliques subtils, pour un rendu à la fois luxueux et équilibré. Monde aquatique L’eau inspire la palette chromatique de cette saison, avec des tons aqua doux, pastel et bleus profonds. Les motifs ondulés, effets de vagues et textures fluides sont recréés grâce à des reliefs 3D, des coups de pinceau, des glaçures artisanales et des lavabos en céramique préfabriqués dans des tons bleutés.
VOL. 41 NO 3 22 VOL. 41 NO 3 23 CHRONIQUE MERCIER TITULAIRE D’UNE BACCALAURÉAT EN INGÉNIERIE ET PLUS SPÉCIFIQUEMENT EN GÉNIE DU BOIS DE L’UNIVERSITÉ LAVAL, KARYNE TREMBLAY DIRIGE DEPUIS PLUS DE 15 ANS LE DÉPARTEMENT DU CONTRÔLE DE LA QUALITÉ ET DU DÉVELOPPEMENT DES PRODUITS CHEZ PLANCHERS MERCIER. ISSUE D’UNE INDUSTRIE ALLIANT LA TECHNOLOGIE AU DESIGN, ELLE MET À PROFIT SON EXPERTISE TECHNIQUE ET CRÉATIVE POUR REPOUSSER LES LIMITES DE LA RECHERCHE DE NOUVEAUX STYLES PAR DES INNOVATIONS SCIENTIFIQUES. DEPUIS PLUS DE 25 ANS DANS LE DOMAINE DE LA TRANSFORMATION DU BOIS, ELLE AFFIRME AVOIR EU LE COUP DE FOUDRE POUR CE MATÉRIAU LORS DE SES ÉTUDES À L’ÉCOLE D’ARCHITECTURE. La principale vocation du plancher en bois franc est bien entendu le revêtement de sol ; toutefois, certaines applications plus atypiques méritent que l’on s’y attarde. Que ce soit dans les cuisines, sur les murs, les plafonds ou même dans les escaliers, le bois franc peut offrir des résultats à la fois fonctionnels et spectaculaires, à condition de faire des choix bien éclairés. CUISINE ET BOIS FRANC : UN MARIAGE POSSIBLE Placer un plancher de bois franc dans une cuisine apporte son lot de questions, voire d’inquiétudes. Est-ce vraiment une bonne idée? Oui, tout à fait, mais avec quelques précautions à prendre. La cuisine est l’une des pièces les plus sollicitées de la maison : chutes d’ustensiles, éclaboussures de liquides, nourriture au sol... le bois y sera inévitablement mis à l’épreuve. Il faut donc se poser une question simple : êtes-vous à l’aise avec l’idée que votre plancher montre quelques marques au fil du temps? Si ces traces de vie vous dérangent, le bois n’est peut-être pas le meilleur choix pour cette pièce. En revanche, si vous acceptez qu’elles fassent partie du charme et de la patine naturelle d’un plancher, voici quelques conseils pour faire le bon choix. LE FINI : UN CRITÈRE CLÉ Le choix du vernis est essentiel. Il doit offrir une protection efficace contre les aléas du quotidien tout en restant souple, afin d’épouser les éventuelles indentations sans se fissurer. Un bon fini doit aussi résister aux liquides et contenir des additifs antimicrobiens pour une hygiène accrue. On recommande un BOIS FRANC AU-DELÀ DU PLANCHER : USAGES ATYPIQUES ET JUDICIEUX fini ayant une résistance au test Taber de 500 cycles et plus. Certains produits hautement performants, comme le vernis Generations Intact 2500 de Planchers Mercier, sont particulièrement adaptés à ce type d’usage, alliant durabilité et flexibilité. L’ESSENCE DE BOIS Certaines essences de bois possèdent une valeur Janka plus élevée, c’est-à-dire une dureté supérieure, et donc une meilleure résistance aux impacts. Bien que le bois ne puisse jamais atteindre la dureté de la céramique, certains choix sont plus judicieux pour des usages exigeants comme la cuisine. Les essences à faible densité comme le merisier ou le noyer présentent une dureté moindre. Elles peuvent tout de même convenir, mais seront plus sensibles aux impacts et aux marques dans les zones à fort passage ou sujettes aux chocs. À l’inverse, des essences comme l’érable à sucre ou le caryer (hickory) se distinguent par leur haute densité, ce qui réduit considérablement les risques d’indentation. Enfin, des essences comme le chêne rouge, le chêne blanc ou le frêne blanc, bien que moins denses que l’érable à sucre, offrent un avantage esthétique : leur grain marqué camoufle naturellement les petites imperfections de surface. LE CHOIX DU LUSTRE Bien qu’il s’agisse d’abord d’une question de goût, un fini mat est à privilégier dans une cuisine. Moins réfléchissant, il atténue visuellement les égratignures, les marques et les traces d’usure liées à l’usage quotidien. BOIS FRANC : DU PLANCHER AU PLAFOND EN PASSANT PAR LES MURS! L’utilisation du bois franc ne se limite plus aux planchers; les designers et les particuliers intègrent de plus en plus ce matériau noble aux murs et plafonds. Des surfaces souvent négligées se transforment ainsi en éléments architecturaux chaleureux, naturels et texturés. Cette tendance s’inscrit dans une volonté de créer des intérieurs plus enveloppants et organiques, où le bois joue un rôle central dans l’esthétique et l’acoustique. Est-il possible d’utiliser du bois franc préverni pour ce type d’application? La réponse est oui, à condition de respecter certaines considérations techniques pour garantir la durabilité et la qualité visuelle. Pour réussir une installation murale ou au plafond avec du bois franc préverni, quelques précautions s’imposent. D’abord, il est recommandé de choisir un fini mat ou ultra-mat. Ce type de finition, plus discret, atténue les reflets lumineux indésirables et met en valeur le caractère naturel du bois, particulièrement sur des surfaces verticales ou au plafond. Chêne blanc Solaris de la Collection Stellar; son grain et son lustre mat-brossé permettent de mieux camoufler les aléas pouvant survenir dans une cuisine. Projet Whalon Bay, qui met en vedette du cerisier américain du plafond au plancher. Photo fournie par le détaillant Planchers Bellefeuille.
VOL. 41 NO 3 24 VOL. 41 NO 3 25 CHRONIQUE MERCIER Le choix du matériau est également crucial : les lamelles d’ingénierie de ½ po d’épaisseur constituent une option idéale. Plus légères que les planches de technologie Massif, elles offrent une excellente stabilité dimensionnelle grâce à leur structure multicouche; leur rectitude facilite l’installation sur les surfaces de murs et de plafond! L’adhésif utilisé joue aussi un rôle fondamental. Les colles à base d’uréthane ou de silane sont fortement recommandées, car elles permettent au bois de bouger légèrement suivant ses expansions et contractions naturelles sans provoquer de fissures ni endommager la finition. Dans le cas des installations au plafond, il est souvent judicieux d’ajouter des fixations mécaniques discrètes, comme des clous de finition ou des agrafes, en renfort temporaire, le temps que la colle prenne complètement. Enfin, la préparation du support est une étape à ne pas négliger. Si le mur ou le plafond n’est pas recouvert de gypse (placoplâtre), il est préférable d’installer d’abord une feuille de contreplaqué ou un panneau d’OSB. Cette base assure une surface plane, facilite la fixation et contribue à la durabilité de l’installation. QUELQUES ASTUCES DE MISE EN VALEUR! • L’installation à l’horizontale agrandit visuellement l’espace; une pose à la verticale accentue la hauteur sous plafond. • Une installation en motif à chevrons ou en angle peut créer un effet haut de gamme très graphique et distinctif. • Penser à intégrer un éclairage indirect (bande DEL encastrée, corniches) pour souligner la texture et la richesse du bois. RECOUVRIR UN ESCALIER AVEC DU BOIS FRANC PRÉVERNI : UNE OPTION ESTHÉTIQUE ET COHÉRENTE Intégrer un escalier dans une continuité visuelle avec un plancher de bois franc peut transformer l’ambiance d’un espace. L’uniformité des matériaux crée une cohérence raffinée. Oui, il est tout à fait possible de recouvrir un escalier avec du plancher de bois franc préverni, à condition de respecter certains critères cruciaux. LE BON TYPE DE LAMELLES Pour obtenir un résultat durable et harmonieux, il est recommandé d’utiliser des lamelles larges, idéalement de 6 pouces ou plus; cela réduit le nombre de joints visibles, simplifie l’agencement et crée une esthétique plus fluide. Un plancher d’ingénierie est donc tout à fait indiqué! Recouvrir un escalier avec le même bois que le plancher permet de créer un effet visuel harmonieux et haut de gamme. C’est une option tout à fait viable, à condition de bien planifier l’installation. Chêne rouge Synergy et continuité au niveau des marches d’escalier.
VOL. 41 NO 3 26 VOL. 41 NO 3 27 CHRONIQUE MERCIER Les lamelles larges recommandées, combinées à une moulure de type nez de palier (offertes avec un arrondi pour un look classique ou carré pour un effet plus contemporain), et assorties à votre plancher, assurent une transition esthétique et sécuritaire entre les marches. Cependant, comme il ne s’agit pas d’escaliers dont les marches sont spécialement conçues en usine avec des composantes prédéterminées, il faut faire preuve d’une vigilance accrue, afin de bien effectuer les étapes et éviter des mauvaises surprises lors du résultat final. L’aboutissement du projet peut être tout à fait bluffant, mais assurez-vous de sélectionner vos lamelles assorties aux moulures avant d’installer votre plancher! Les variations naturelles du bois (grain, teinte) exigent une sélection visuelle rigoureuse avant l’installation pour éviter un contraste trop marqué entre les composantes. En conclusion, le bois franc est un matériau noble, chaleureux et polyvalent. Bien que son utilisation principale demeure le plancher, ses autres applications peuvent rehausser considérablement l’esthétique et la valeur d’un intérieur, lorsqu’elles sont bien pensées et planifiées. Que ce soit au sol, sur les murs ou même sur les marches d’un escalier, il suffit d’un peu d’ingéniosité et de rigueur technique pour faire du bois franc un choix aussi audacieux que durable!
VOL. 41 NO 3 28 VOL. 41 NO 3 29 RETOUR SUR LE NEOCON 2025 LA VISION DU DESIGN PASSE PAR LE NEOCON La 56e édition de NeoCon, le plus grand et le plus ancien salon professionnel dédié à l’industrie du design commercial, s’est tenue au THE MART à Chicago, du 9 au 11 juin. Des salles d’exposition animées aux stands captivants, en passant par les installations interactives et les programmes captivants, l’atmosphère dans tout le bâtiment était empreinte d’énergie et d’inspiration. Près de 50 000 professionnels du design du monde entier — parmi lesquels des décideurs de grandes agences d’architecture et de design ainsi que des utilisateurs finaux issus de grandes entreprises — ont participé activement à cet événement de trois jours. Plus de 450 entreprises ont présenté des solutions innovantes pour les espaces de travail, l’éducation, la santé, le commerce de détail et l’hôtellerie, repensant notre manière de travailler, d’apprendre, de guérir et de nous connecter. « La connexion et la collaboration font partie intégrante de l’ADN de NeoCon, et cette édition a parfaitement rempli cette mission, laissant une empreinte durable dans l’industrie », a déclaré Byron Morton, vice-président et codirecteur de la location au THE MART. « NeoCon 2025 a été une démonstration puissante de l’impact et du potentiel du design. Le bâtiment fourmillait d’idées audacieuses, de relations d’affaires fructueuses et de rencontres significatives. C’est ici que les idées prennent vie, en temps réel et sous un même toit. » Nicole Zack, directrice design et stratège en aménagement des espaces de travail chez Ted Moudis Associates, ajoute : « La magie se trouve dans les moments entre ces rencontres imprévues dans les couloirs et ces discussions après les heures officielles, où l’on revient sur la journée et sur les découvertes marquantes. » INNOVATION CENTRÉE SUR L’HUMAIN : COLORÉE, CIRCULAIRE, INTELLIGENTE ET SENSORIELLE NeoCon 2025 a mis en lumière des produits avant-gardistes répondant à certaines des priorités les plus urgentes du design commercial actuel : circularité, neuro-inclusion, biophilie, multifonctionnalité et durabilité intelligente. Du revêtement mural fractal antistress aux matériaux biodégradables, en passant par des outils numériques intelligents favorisant la collaboration, le salon a démontré qu’un design peut être à la fois technologiquement avancé et centré sur l’humain. Beaucoup de solutions phares ont misé sur des formes organiques douces, des couleurs apaisantes et des finitions tactiles, illustrant un virage vers un design émotionnellement intelligent, qui stimule les sens et favorise le bien-être. D’autres ont mis l’accent sur la modularité et la mobilité, proposant des systèmes capables de s’adapter aux changements d’occupation et de fonctions spatiales. Les technologies dissimulées ont permis de créer des esthétiques épurées et des expériences intuitives. Dans l’ensemble, le salon a illustré un avenir bâti autour de l’humain : adaptable, émotionnellement engageant et aligné sur les besoins des personnes comme de la planète. « NeoCon a été fantastique cette année! » s’enthousiasme Tom Polucci, directeur national des intérieurs chez HOK. « J’ai adoré le niveau de créativité dans la conception des produits et des finitions, en particulier l’utilisation audacieuse des couleurs – des tons saturés aux palettes plus douces (le vert écume fait son retour!). Et surtout, j’ai aimé retrouver mes collègues et amis proches. » EXPÉRIENCES ET ACTIVATIONS IMMERSIVES NeoCon a vibré au rythme d’expériences en présentiel immersives. Le week-end d’ouverture a débuté avec la projection cinématographique ART on THE MART de Perkins&Will – un hommage lumineux à l’esprit créatif de Chicago qui a illuminé le Riverwalk et est resté visible jusqu’au 6 juillet. Au rez-de-chaussée de THE MART, la nouvelle galerie-boutique hybride PAVED STATES a mis en valeur des talents locaux et internationaux. Inspirée de l’héritage architectural brutaliste de Chicago, l’installation présentait des pièces marquantes en pierre, verre, brique et fer, réalisées par un panel diversifié de designers, dont beaucoup ont des liens étroits avec la scène créative florissante de la ville. Ailleurs dans le bâtiment, les bains sonores AFTERNOON OASIS aux 6e et 14e étages ont offert des instants de calme, tandis que la prise de contrôle festive par un DJ de l’ascenseur Freight 22 a apporté une note joyeuse aux fins de journée du salon. Parmi les autres espaces remarquables figuraient le pop-up
VOL. 41 NO 3 30 VOL. 41 NO 3 31 RETOUR SUR LE NEOCON 2025 Design Creates Joy conçu par Gensler pour Project Color Corps, et le Haworth DesignLab – un collectif de designers défiant les conventions et explorant de nouvelles voies créatives – ancré par une pièce maîtresse signée Patricia Urquiola. « Chaque fois que je participe à NeoCon, je suis inspirée par les tendances émergentes, les nouveaux produits et l’énergie de la communauté du design », souligne Erin Kelly, designer d’intérieur chez SmithGroup. « C’est une célébration de la créativité et de l’innovation, ainsi qu’une source précieuse d’inspiration pour concevoir plus intelligemment et efficacement pour nos clients. » LANCEMENTS MONDIAUX ET CROISSANCE NATIONALE Avec plus de 60 nouveaux exposants aux côtés de centaines de marques établies, NeoCon a offert une vitrine mondiale des dernières innovations. Des marques internationales comme Arper, Andreu World, Haworth, Tarkett et Okamura ont dévoilé de nouvelles collections inspirées à la fois par le design régional et les tendances mondiales. Les fabricants américains ont quant à eux mis en avant leur savoir-faire national et leur capacité à produire localement, répondant ainsi à la demande croissante pour des produits fabriqués aux États-Unis. Nombre d’exposants ont profité de NeoCon pour lancer en avantpremière mondiale des gammes de produits, allant de solutions acoustiques innovantes à des systèmes de mobilier hautement modulables. Plusieurs collections ont été conçues pour répondre à des environnements hybrides, combinant flexibilité et esthétique soignée. CONFÉRENCES ET CONVERSATIONS ÉCLAIRANTES En marge de l’exposition, NeoCon 2025 a proposé un programme riche de conférences et de panels. Des leaders de l’industrie, des architectes de renom, des experts en durabilité et des chercheurs ont exploré les défis et opportunités du design contemporain. Les thématiques abordées allaient de l’intégration de l’intelligence artificielle dans les processus créatifs à l’impact du design inclusif sur la performance organisationnelle. Les discussions ont souligné l’importance de concevoir des espaces qui favorisent le bien-être, la productivité et l’engagement, tout en restant flexibles étant donné les évolutions rapides du monde du travail et des technologies. UN RENDEZ-VOUS ANNUEL INCONTOURNABLE NeoCon 2025 a confirmé sa position de plateforme essentielle pour l’inspiration, la mise en relation et le développement des affaires dans le secteur du design commercial. L’événement a prouvé que l’innovation ne se limite pas à la technologie ou aux matériaux, mais inclut aussi une réflexion profonde sur les expériences humaines que les espaces peuvent offrir. Table de conférence présentée par Okamura.
VOL. 41 NO 3 34 VOL. 41 NO 3 35 CHRONIQUE TAIGA ORIGINAIRE DE TROIS-RIVIÈRES, J’AI SERVI PENDANT 12 ANS AU SEIN DU 12E RÉGIMENT BLINDÉ DU CANADA À TROIS-RIVIÈRES. MON PARCOURS MILITAIRE M’A CONDUIT À PARTICIPER À DEUX MISSIONS EN BOSNIE DANS LE CADRE DE L’OPÉRATION PALLADIUM, ROTATIONS 5 ET 9, EN 1999 ET 2001. TITULAIRE D’UNE FORMATION EN PÉTROCHIMIE DU COLLÈGE DE MAISONNEUVE, JE SUIS ÉGALEMENT INSPECTEUR ACCRÉDITÉ PAR LA NALFA (NORTH AMERICAN LAMINATE FLOORING ASSOCIATION) ET CERTIFIÉ EN NÉGOCIATION PAR L’INSTITUT DE LEADERSHIP. DEPUIS 2007, J’OCCUPE DIFFÉRENTS POSTES DANS L’INDUSTRIE DU COUVRE-SOL, AYANT TRAVAILLÉ COMME REPRÉSENTANT, ACHETEUR PUIS DIRECTEUR DES ACHATS. AUJOURD’HUI, J’OCCUPE LE POSTE DE DIRECTEUR DU SERVICE DE REVÊTEMENTS CHEZ TAIGA, PRODUITS DE BÂTIMENT, OÙ JE METS À PROFIT MON EXPÉRIENCE ET MON EXPERTISE POUR CONTRIBUER À LA CROISSANCE ET À L’INNOVATION DANS LE SECTEUR. Discrète mais déterminée, la révolution de l’intelligence artificielle (IA) s’infiltre dans le secteur de la construction et de la distribution des matériaux, y compris les couvre-sols. Longtemps réservée aux géants de la finance, du commerce électronique ou de l’automobile, l’IA fait maintenant son entrée dans un monde beaucoup plus feutré : celui du couvre-sol. Au Canada, alors que la demande en couvre-sols spécialisés croît dans des marchés en pleine transformation — rénovation résidentielle, projets multi-logements, construction modulaire — certains distributeurs misent déjà sur l’IA pour prendre une longueur d’avance. PRÉVOIR LA DEMANDE, RÉDUIRE LES RUPTURES : L’INVENTAIRE INTELLIGENT La gestion des stocks demeure l’un des principaux défis des distributeurs. Grâce à des solutions comme la gestion centralisée des données produits, les entreprises peuvent aujourd’hui anticiper les besoins avec une précision inégalée par région, par saison, voire selon les cycles économiques. Ces systèmes exploitent des algorithmes analysant des milliers de points de données : historiques de ventes, tendances météorologiques, délais d’approvisionnement, chantiers en cours… Résultat : moins de ruptures de stock, moins de casse-tête pour les gestionnaires, et surtout, moins de clients qui soupirent en disant : « Vous l’aviez la semaine dernière, pourquoi plus maintenant? » TAIGA, PRODUITS DE BÂTIMENT : UNE TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ENGAGÉE Parmi les pionniers de cette transformation au Canada, Taiga, produits de bâtiment se démarque. Présente d’un océan à l’autre avec 15 centres de distribution, l’entreprise investit activement dans des technologies de pointe telles que la prévision des stocks, la gestion centralisée des données produits, un ERP spécialisé et l’optimisation logistique. MAIS AU-DELÀ DE LA TECHNOLOGIE, C’EST UNE STRATÉGIE DE FOND « Si nous ne faisons pas cet effort maintenant, il sera trop tard d’ici deux ou trois ans. Le marché évolue vite, et la précision des données devient essentielle pour rester compétitif ». déclare René Laprise, auteur de cet article et directeur plancher chez L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : VOTRE NOUVEAU COLLÈGUE... QUI NE PREND JAMAIS DE PAUSE-CAFÉ
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