Magazine Surface Vol. 41 No 3

VOL. 41 NO 3 14 VOL. 41 NO 3 15 ensuite de trouver et d’utiliser des revêtements perméables, tels que le gravier ou le paillis, qui s’avère d’ailleurs plus naturel. Lorsque vient le temps de minéraliser, on optera pour des revêtements de sol clairs, plus organiques, tels que le bois, ou du béton, préférable à l’asphalte. Tout vise à faire en sorte de capter et d’emmagasiner le minimum de rayonnement solaire et d’ainsi minimiser l’effet d’îlot de chaleur de jour comme de nuit. Le recours à des matériaux clairs génère un plus grand IRS et réduit donc considérablement l’indice de chaleur captée par rapport à un matériau de couleur foncée. » M. Sabourin-Somers renchérit : « Ces revêtements de sol doivent être installés en synergie d’efficience avec les murs passants d’une rue. Ces derniers, qui sont souvent faits de brique, de métal ou d’aluminium noir, absorbent beaucoup de rayonnement solaire. Le choix de compléments techniques, tels que la végétation, les paresoleil et artefacts générant de l’ombre, viennent renforcer l’efficience du revêtement de sol. » À ce propos, le choix du revêtement de sol pour un projet donné arrive-t-il à la fin du processus d’élaboration d’un projet? « Pour Écohabitation, les revêtements de sol sont pris en considération en amont lors de la conceptualisation d’un projet. Mais le choix final se fait souvent par les architectes paysagers et les spécialistes de l’aménagement. C’est aussi le cas dans le secteur résidentiel », note ce dernier. Avec le temps et les résultats générés par la collecte de données suivant la complétion des projets, en arrive-t-on à développer des systèmes ayant fait leurs preuves et pouvant être presque automatiquement appliqués dans des contextes similaires? Une sorte de prêt-à-installer? « Je dirais que les meilleurs exemples de projets sont ceux relevant de la certification LEED. Les réglementations municipales ayant tendance à hausser les surfaces végétalisées, à minimiser la perte d’arbres lors de projets de construction ou d’agrandissement, fonctionnent très bien pour les revêtements de sol des aménagements extérieurs. Ces surfaces optimisées étant beaucoup plus confortables et agréables attirent davantage les consommateurs lorsqu’on parle d’aires commerciales. Même constat dans les projets de réaménagement de cours d’école, où les analyses thermographiques aériennes révèlent de grandes différences entre les zones asphaltées et les aires gazonnées et/ou végétalisées ou recouvertes de paillis », précise M. Sabourin-Somers. Et qu’en est-il de l’intégration du bois québécois dans ces projets? On se rappellera qu’un Plan de mise en œuvre 20212026 de la Politique d’intégration du bois dans la construction du gouvernement du Québec avait souligné l’importance d’intégrer ce matériau local, durable, renouvelable et reconnu pour sa contribution à la lutte contre les changements climatiques. M. Sabourin-Somers à ce sujet : « Il s’agit effectivement d’une excellente ressource organique avec un potentiel de certification garantissant la gestion durable de nos forêts. On voit ce dernier gagner en popularité sous forme de paillis dans l’institutionnel et le commercial, mais en tant que revêtement de sol, outre dans le résidentiel, il se fait plus discret. Probablement du fait qu’il nécessite de l’entretien, du vernissage. Les gestionnaires privilégient des surfaces ne nécessitant que très peu d’entretien. Cela dit, les matériaux composites à haute densité de couleur claire s’avèrent intéressants en ce qu’ils captent moins de rayonnement solaire, par rapport à ceux de faible densité qui emmagasinent la chaleur et rendent leur utilisation inconfortable, notamment dans les zones piétonnières. » En conclusion, Ian Sabourin-Somers apporte ces quelques mots : « J’aimerais aussi parler de pavés alvéolés, qui constituent des produits très intéressants, qui minimisent la surface minéralisée, maximisent les infiltrations d’eau et luttent contre les îlots de chaleur. Seuls petits bémols, pour le moment, ils ne se sont pas recommandés pour les espaces où des véhicules lourds circulent. Pas plus que pour les espaces de stationnement où les voitures peuvent rester longtemps sur place, ce qui cause un ombrage permanent et qui rend la pousse de végétation plus difficile. 3 – Du point de vue des architectes urbanistes Fondée en 1965, l’Association des architectes paysagistes du Québec (AAPQ) est une organisation professionnelle faisant partie de l’Association des architectes paysagistes du Canada (AAPC/CSLA) et de la Fédération internationale des architectes paysagistes (FIAP/IFLA). Elle représente plus de 500 membres agréés et plus de 150 membres stagiaires, travaillant dans divers secteurs au Québec, y compris les secteurs public, privé, institutionnel, communautaire et universitaire. Claudia Villeneuve, qui en est la présidente, a accepté de nous livrer ses observations et commentaires en lien avec notre thématique. « Considérer l’apport des revêtements de sol dans le cadre de projets d’aménagements visant à contrer les effets des îlots de chaleur figure certainement à l’agenda de tout architecte paysagiste puisque les municipalités revoient ponctuellement leur réglementation à cet égard, explique d’entrée de jeu Mme Villeneuve. Les indices de réflectance solaire ont tendance à augmenter, d’où la recherche de matériaux, de stratégies à même de satisfaire à ces normes haussières. Pour l’heure, il va sans dire que le béton gris ou blanc (plus onéreux) naturel est largement accepté, tout comme le granit et la poussière de pierre. Dans tous les cas, l’objectif est d’opter pour les couleurs les plus pâles possibles. » Comme le précise la présidente, les architectes paysagistes interagissent également avec les différents fournisseurs au sujet des différents IRS des matériaux disponibles. Dans la recherche de solutions performantes et de stratégies menant à une certification LEED, le bois, bien que perçu comme un matériau d’excellence, serait souvent exclu des projets et des spécifications pour cause de nécessité d’entretien. Appuyant les propos d’Ian Sabourin-Sommers d’Écohabitation cités plus avant, Mme Villeneuve commente : « Le bois, c’est extraordinaire pour les terrasses et autres, mais dans les projets publics d’envergure, c’est plus complexe. Les clients hésitent à considérer l’entretien dans l’élaboration de projets. C’est certainement faisable, mais ça vieillit plus rapidement, ça se décolore, et après quelques années, c’est à refaire au complet. Cela dit, on l’utilise beaucoup pour le mobilier urbain. » Récapitulatif : si le revêtement de sol est considéré assez rapidement dans le processus de spécification, pour l’heure, le béton apparaît plus souvent qu’autrement à titre de grand favori. Relève-t-il donc presque de l’automatisme dans le cas de projets publics? « Pour ma part, je n’ai jamais connu de projets pour lesquels les indices d’IRS étaient mesurés après réalisation. Les professionnels se basent plutôt sur les fiches de produits présentées par les fournisseurs. Par exemple, si une réglementation prévoit qu’un indice d’IRS inférieur à 29 n’est pas autorisé, ils se référeront à ces spécifications de produits pour déterminer les matériaux et minéraux pertinents. Tout comme ils le feront pour l’ensemble des matériaux de chaque projet », souligne Mme Villeneuve, qui ajoute que chaque spécialiste de l’AAPQ se garde à jour à tous les niveaux, des méthodes et pratiques aux produits et services de l’industrie. DOSSIER

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