Magazine Surface Vol. 41 No 3

VOL. 41 NO 3 10 VOL. 41 NO 3 11 Contrer les effets des îlots de chaleur est à l’agenda de la plupart des municipalités et des institutions québécoises. Il est bien connu que lors de la réalisation de projets, très (trop) peu d’informations portant sur le choix des revêtements de sol utilisés filtrent dans les discours et articles de couverture. Surface vous présente donc un tour d’horizon, certes non exhautif, sur les différentes méthodes, pratiques et produits qui entrent dans l’élaboration de concepts urbains récents. Lisez les propos des professionnels de l’Association des architectes paysagistes du Québec (AAPQ), d’Écohabitation, de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie et de l’ordre des Urbanistes du Québec pour en apprendre davantage! Afin de contrer l’effet d’îlots de chaleur urbains, tous les experts le confirmeront, il importe de choisir des revêtements de sol qui limitent l’absorption de chaleur et favorisent le rafraîchissement. Il est connu que les matériaux perméables, comme les pavés poreux ou les dalles à gazon, permettent à l’eau de s’infiltrer, ce qui rafraîchit l’atmosphère par évaporation. En parallèle, l’augmentation de l’albédo (réflexion de la lumière solaire) des surfaces, en utilisant des matériaux plus clairs, contribue également à réduire l’accumulation de chaleur. Il est aussi bien connu que les îlots de chaleur urbains sont causés, en partie, par les matériaux de surface utilisés dans les aires de stationnement, les rues et ruelles. L’asphalte, largement utilisé comme revêtement dans ces espaces, entraîne une hausse des températures due à son indice de réflectance solaire (IRS) quasiment nul et son imperméabilité. Pour rappel, l’IRS est un indice exprimé par un nombre allant de 0 à 100 combinant la capacité d’un corps d’absorber et de réémettre de la chaleur (émissivité) et la fraction du rayonnement solaire qui est réfléchi par une surface (albédo). Plus l’IRS d’un matériau est faible (tend vers 0) et plus celui-ci participera activement à la hausse des températures. À l’inverse, un matériau à IRS élevé (qui tend vers 100) conservera une température fraîche, peu importe la puissance du rayonnement solaire auquel il est exposé. Ainsi, un revêtement de sol partiellement perméable, tels les pavés de béton drainants ou le pavé alvéolé, contribuera également à la réduction des températures par l’évaporation de l’eau de pluie. Au Québec, les voies de remplacement de l’asphalte les plus répandues dans les aires de stationnement sont les pavés de béton drainant, le végécol et le pavé alvéolé. Avant de passer aux entrevues, il importe de souligner que ces revêtements de sol coûtent encore relativement cher. Cependant, certains d’entre eux, comme les pavés de béton drainants, semblent plus durables sur le long terme, en plus de simplifier les réparations (retrait des pavés, réalisation des travaux, et remise en place) sans oublier leur rôle dans la gestion de l’eau pluviale. De plus, certains revêtements, tels que le pavé alvéolé, sont plus adaptés à des espaces de stationnement moins fréquemment utilisés dans la journée, laissant ainsi à l’herbe de la lumière pour pousser. Aide-mémoire + visuel tableau • La couleur claire (IRS élevé) du revêtement diminue les températures ambiantes par rapport à l’asphalte de couleur foncée (IRS faible). • Les revêtements perméables permettent l’infiltration de l’eau dans le terrain et de réduire ainsi la quantité d’eau rejetée à l’égout. • Les revêtements ont une apparence visuelle plus intéres- sante que l’asphalte. • Les pavés de béton ont un bilan GES à la production plus élevé que l’asphalte, mais ils sont plus durables que ce dernier. Quant au Végécol, celui-ci est moins polluant que DOSSIER DES REVÊTEMENTS RAFRAÎCHISSANTS par Yves Rivard l’asphalte à la production, mais aussi plus durable, bien qu’imperméable. LE VÉGÉCOL, CELUI QUI GAGNE À ÊTRE CONNU Un produit intéressant que ce Végécol, revêtement constitué essentiellement d’un liant translucide d’origine végétale et de granulats naturels, sans aucun dérivé pétrochimique. Ce produit breveté par la multinationale Colas est commercialisé au Québec depuis 15 ans par la compagnie Sintra. Ce revêtement a la particularité de prendre la coloration des granulats qui le composent (ocre, rouge, marron, gris) et de pouvoir aussi être coloré en y ajoutant des pigments de couleur, une caractéristique qui contribue à réduire l’effet d’îlot de chaleur en milieu urbain. Il convient, entre autres, au pavage d’allées piétonnières, de trottoirs, de stationnements, de pistes cyclables, d’abords de piscines et d’entrées résidentielles. Comme il s’agit d’un enrobé tiède appliqué à 120 degrés Celsius au lieu de 160 degrés Celsius, cela en fait un produit plus respectueux de l’environnement en réduisant la consommation d’énergie et les émissions de GES au moment de sa production. Il peut d’ailleurs avoir un impact direct sur au moins huit crédits LEED. I – LES CHOIX DE L’ARRONDISSEMENT DE ROSEMONT — LA PETITE PATRIE En juin dernier, l’arrondissement de Rosemont — La Petite-Patrie célébrait la fin d’un projet de réaménagement majeur et la création d’un nouveau cœur de quartier, réalisé grâce à des investissements à hauteur de 8,6 M$ : Le P’tit Beaubien. Autrefois fortement minéralisé et caractérisé par un urbanisme des années 60, ce secteur commercial de proximité a été entièrement réaménagé, en adéquation avec les priorités exprimées par la communauté lors de la démarche de planification locale du territoire Rosemont — La Petite-Patrie, un quartier à la fois, pilotée par l’Arrondissement en 2023 et 2024. L’endroit, situé sur la rue Beaubien Est, entre la 38e Avenue et la 41e Avenue, a ainsi bénéficié d’un concept global, incluant le revêtement de sol. Judith Gratton-Gervais, conseillère en planification des communications - Division des communications et des relations avec les citoyens, Direction des relations avec les citoyens, des services administratifs et du greffe pour l’arrondissement de Rosemont — La Petite-Patrie, a accepté de répondre à nos questions. Q1 — Un revêtement de chaussée distinctif a été utilisé dans le cadre du projet de réaménagement du secteur commercial du P’tit Beaubien. Serait-il possible de préciser sa nature et les raisons qui vous ont amené à prendre cette décision de conception? Judith Gratton-Gervais : Dans le cadre du réaménagement du secteur du P’tit Beaubien, des revêtements distinctifs ont été choisis pour améliorer l’expérience urbaine, la cohabitation et la sécurité des usagers et usagères de la voie publique. Le traitement au sol dans cette zone commerciale de quartier inclut un béton avec agrégats apparents, qui offre une texture distincte. Ce type de revêtement permet de différencier les espaces piétons des voies de circulation, tout en ajoutant une signature esthétique locale qui s’intègre bien à l’environnement urbain. Dans le cadre du projet, la place de la 40e avenue a été aménagée avec une chaussée surélevée, également en béton avec agrégats apparents, afin de ralentir la circulation automobile, de sécuriser les traversées piétonnes et de signaler l’entrée dans

RkJQdWJsaXNoZXIy MjQ1OTU=