VOL. 40 NO 1 10 VOL. 40 NO 1 11 DOSSIER MAIN-D’ŒUVRE dans la balance. Un changement de ce côté nous aiderait certainement, tout comme le programme Alternance Travail-Études (ATE), qui permet deux jours d’études et trois jours de travail en compagnonnage. Notre première cohorte opérant selon cette formule est très enthousiaste. Elle adore cette liberté, cette alternance entre les deux. » Pour améliorer les choses et stimuler les inscriptions, Benoît Therrien caresse également l’idée d’instaurer un programme personnalisé relié à une formation ATE. « Je dois convaincre l’administration pour offrir cette formule qui permettrait à n’importe quel étudiant d’intégrer le programme en tout temps, de bénéficier du système d’accompagnement informatisé en place et d’effectuer des stages en milieu professionnel. J’espère pouvoir concrétiser cette approche au cours des prochaines années. » VERS UN NOUVEAU CONTRAT SOCIAL ET PROFESSIONNEL? Si le constat actuel et les différentes initiatives en cours sont certainement pertinents, ils pourraient toutefois possiblement être revus à l’échelle des besoins et attentes de la nouvelle génération et du nouveau paradigme qu’elle incarne. Plus précisément, la génération Woke se montre particulièrement capable de travailler un certain temps, de manière continue, pour obtenir assez d’argent pour partir faire autre chose, même si elle n’est pas du tout passionnée par son travail. La philosophie est la suivante : « Je ferai le travail pendant quelques mois, ensuite je partirai quelques mois avec mes amis. Je reviendrai peut-être ensuite. » Travailler n’est plus une question de vocation, mais bien un tremplin vers autre chose, vers une liberté de temps et d’action. Comment pallier ce choc générationnel? « Dans mes activités quotidiennes, je parle avec des employeurs qui demandent deux choses : cette personne est-elle qualifiée pour effectuer le travail, et cette personne est-elle fiable dans la continuité? Apparemment, c’est sur le deuxième point que ça accroche souvent. Mais j’imagine que des ententes sont possibles », confie M. Therrien. Pour en revenir au programme Formations de courte durée pour des métiers de la construction, quelles ont été les réactions? La résistance s’organise comment? « Les syndicats ont mené différents moyens de pression et se sont retirés de différentes tables de négociation. Certains collègues universitaires en sont à rédiger des mémoires pour ensuite effectuer de la représentation. Jusqu’où cela se rendra-t-il? Qui les écoutera vraiment? Beaucoup de questions. Mais, si le secteur ne se bat pas pour ses opinions et ses droits, les choses ne bougeront certainement pas, confie M. Therrien. Le gouvernement gère en fonction de la majorité, on le sait. Les gros métiers : plomberie, menuiserie, électricité. Sur 160 000 travailleurs de l’industrie, on compte environ 1 300 installateurs. Donc, moins de 1 %. Les instances gouvernementales veulent-elles travailler sur ce ratio? Devra-t-on ramasser tous les 1 % pour former une masse plus importante? La réponse est oui. Car devant l’état actuel de la situation, qui voit de moins en moins de personnel qualifié, il ne peut que se produire deux choses : une hausse des problèmes en fonction de mauvaises installations et une montée importante des tarifs. Les clients qui désirent une installation professionnelle de qualité devront attendre que l’installateur fixe une date, qui peut se compter en semaines, en mois, et devront accepter les tarifs fixés par ce dernier en fonction de la rareté du service. » Il poursuit : « Pour le gouvernement, la solution officieuse tient probablement dans le fait d’utiliser les menuisiers pour installer les revêtements de sol. Les fonctionnaires ne comprennent pas que le métier de poseur implique des subtilités, subtilités qui, une fois perdues ou négligées, se transforment en problèmes majeurs sur le plan de la qualité de l’installation. C’est là où les manufacturiers se retrouvent lésés, car leurs produits ne peuvent trouver leur plein potentiel en termes de qualité ou en termes esthétiques. » LA TECHNOLOGIE EN RENFORT? La technologie nous surprenant chaque semaine par ses optimisations et nouveautés, la question mérite d’être posée : des équipements à la fine pointe peuvent-ils aider le poseur à travailler avec moins de personnel, à accomplir seul des tâches nécessitant autrefois des paires de mains supplémentaires? « Si par nouvelles technologies, on parle de produits récemment
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