Magazine Surface Vol. 39 No 3

VOL. 39 NO 3 9 S : Des précisions à ce sujet? R. C. : Certainement. Le carbone intrinsèque inclut tout le carbone (CO2) qui est émis lors de l’extraction, de la fabrication et du transport des matériaux utilisés dans la construction d’un bâtiment. À titre indicatif, le carbone opérationnel inclut, lui, toute l’énergie utilisée pour l’exploitation d’un bâtiment, y compris l’énergie nécessaire au maintien de la température, à l’éclairage et au fonctionnement des autres appareils, et ce, une fois la construction terminée. Pour plusieurs joueurs de l’industrie, ces notions ne sont pas toujours claires. S : Et la carboneutralité se définit comment dans ce contexte? R. C. : Elle fait référence à l’équilibre entre le total des émissions de carbone dans l’atmosphère et le carbone éliminé de l’atmosphère. Lorsque le carbone émis et le carbone séquestré seront parfaitement équilibrés, nous serons en mesure de ralentir considérablement les tendances actuelles du réchauffement climatique. Au Québec, il faut s’attaquer au carbone intrinsèque, bien que nous bénéficions de l’électricité, une énergie propre. Dans le but de pouvoir évaluer chaque composante d’un projet dans une optique de carboneutralité, nous avons découvert que les Déclarations environnementales de produit (DEP), qui décrivent les impacts environnementaux d’un produit selon les critères de l’analyse du cycle de vie (conformément au protocole ISO 14025) et qui sont utilisées par les architectes et designers dans le cadre de projets LEED, tenaient compte du carbone intrinsèque. Mais, clairement, ces ressources étaient trop peu utilisées. Jusqu’à maintenant, les architectes et designers y avaient recours principalement pour évaluer les matières premières, les composés organiques volatiles (COV), etc. Mais, les informations relatives au carbone intrinsèque s’y trouvent. S : Et vous compter les utiliser? R. C. : Effectivement. Les recommandations de produits de COPP Net Zéro se baseront sur ces données qui tracent l’historique de carbone intrinsèque du traitement de la matière première jusqu’à la disposition du matériel à la fin de sa vie utile. Selon les DEP réalisés dans des laboratoires indépendants qui fournissent un rapport détaillé, tout devient clair : c’est carboneutre ou non. Notre analyse porte dans un premier temps sur le berceau de la matière première jusqu’à sa sortie de l’usine. S : Pourquoi s’arrêter là? R. C. : La seconde partie de l’analyse, qui inclut l’utilisation, la vie utile du produit et sa disposition est mise en veille à partir de ce moment, car il existe des suppositions sur le concept de fin de vie. Mais notre analyse permet de certifier les produits carboneutres à ce stade. Cela dit, dans notre milieu, toujours en termes de carbone intrinsèque, on doit se tourner principalement vers les matières premières bio, qui proviennent de sources organiques telles que les arbres, les plantes, qui tout au long de leur croissance ont séquestré du carbone. Lors de la transformation de cette matière première, il est possible de calculer selon une formule. Par exemple, prenons un matériau bio qui a séquestré 100 kg de carbone, mais qui nécessite 50 kg de carbone pour être transformé. Au final, on se retrouve carbonégatif de 50 kg. PREMIERS PARTENARIATS S : Plusieurs bannières et professionnels pourraient certainement utiliser votre expertise. Parlez-nous des ententes déjà signées. R. C. : Notre premier partenariat en développement d’affaires a été conclu avec la portugaise Amorim, qui fabrique des revêtements de sol de liège, cette matière première sans équivalent en matière de carboneutralité. Récolté tous les neuf ans, le liège ne nécessite aucune coupe d’arbre. Une simple incision dans l’écorce, et neuf ans plus tard, tout est régénéré. Sur un cycle de vie de 200 à 250 ans, c’est très intéressant. Notre partenariat avec Préverco, portant sur le bois d’ingénierie, l’est tout autant. Leur produit est conçu à partir du pin du Québec et n’utilise qu’une ou deux lignes de colle, comparativement à d’autres marques de type multipli, qui en nécessitent de cinq à sept. On comprendra que chaque ligne de colle diminue dramatiquement les possibilités de carboneutralité. Leur DEP est attendu pour la fin de l’année et devrait certifier leur carbonégativité. Vient ensuite l’entente avec Duracryl, basée aux Pays-Bas. Dans ce dossier, les revêtements de sol sont constitués de terrazzo,

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