Magazine Surface Vol. 39 No 3

VOL. 39 NO 3 10 ENTREVUE de caoutchouc et de linoléum liquides. Contrairement à l’époxy toxique utilisé comme liant pour la plupart des terrazzo, Duracryl opte pour une matière première végétale : l’huile de ricin. Même constat pour le linoléum liquide. Au lieu de retrouver une structure constituée de farine de bois, d’huile de lin et de liège appliquée sur une jute, ce produit utilise deux composantes liquides, dont la même huile de ricin. On lui reconnaît trois grands critères de carboneutralité : vu son poids liquide, il se transporte en plus grande quantité; il ne génère aucune perte lors d’une installation collée, contrairement à des installations en rouleaux où l’on enregistre souvent des pertes variant de 6 et 12 %; et exige moins de personnel lors de l’installation, comparativement à d’autres produits nécessitant de la soudure, par exemple. Nous travaillons sur le positionnement de Duracryl sur le marché canadien. S : D’autres projets en cours? R. C. : Nous avons développé et nous sommes approvisionnés d’autres catégories de produits, notamment l’isolation résidentielle par le chanvre, qui est en attente de certification. Le chanvre, comparativement à la laine minérale, est un excellent capteur de carbone. COPP Net Zéro a aussi fait des recherches sur les panneaux solaires, plus précisément les pont de recharge de voitures électriques. Ces solutions pourront être installées tant dans le secteur résidentiel que commercial. Elles se distinguent avantageusement par le fait qu’elles n’imposent aucune charge additionnelle au réseau électrique. Pour tous ces produits, COPP Net Zéro possède des solutions et des processus clairs pouvant orienter et accompagner les entrepreneurs intéressés par la carboneutralité. S : Comment COPP Net Zéro se définit-elle à cet égard? R.C. : Dans certains cas, l’entreprise est propriétaire de la technologie, dans d’autres elle agit comme agent manufacturier. Deux autres technologies en cours de certification devraient s’ajouter d’ici la fin de l’année, ce qui devrait intéresser fortement les entrepreneurs en construction et rénovation. SE POSITIONNER EN TANT QUE RESSOURCE S : Lors de votre phase exploratoire du marché et des solutions carboneutres, avez-vous recensé d’autres entreprises exerçant leurs activités dans le même créneau ou faites-vous figure de pionnier? R. C. : Le grand défi que doit relever COPP Net Zéro se trouve dans le « greenwashing », l’écoblanchiment, utilisé par plusieurs entreprises pour se donner bonne presse dans la sphère publique. Dans le milieu du revêtement de sol, certaines compagnies se targuent d’être « Net Zéro », même en ne fabriquant aucun produit carboneutre! Elles basent leur prétention sur le fait d’acheter des crédits carbone pour compenser leur production annuelle de GES. S : Justement, pouvez-vous définir la compensation des émissions de carbone? R. C. : Lorsqu’un bâtiment émet plus de carbone qu’il n’en élimine, il est possible d’acheter des crédits de carbone compensatoires. L’argent provenant de ces crédits est investi dans la culture d’arbres et de plantes qui absorbent plus de carbone qu’ils n’en émettent. Il peut aussi être investi dans des technologies biocomposées et carbonégatives, comme les façades en biocharbon et les panneaux insonorisants à base de mycélium. Enfin, cet argent peut être utilisé pour installer de nouvelles sources d’énergie propre, notamment des parcs d’éoliennes et des centrales solaires. COPP Net Zéro s’intéresse aux produits. Leur carboneutralité ou non définit vraiment une compagnie. S : Vu la nature de leurs produits, certaines entreprises ne pourront donc jamais exerçer leurs activités dans la carboneutralité. R. C. : Pensons aux revêtements de sol qui sont fabriqués à partir de pétrole, telle que la fibre de nylon, qui entre dans la confection de tapis. La moyenne recensée pour un carreau de tapis est de 50 kg de carbone intrinsèque pour un mètre carré. C’est énorme. Les fabricants compensent par l’achat de crédits. C’est mieux que de ne rien faire, mais leur contribution n’aide pas vraiment la planète. Même chose pour le bois franc qui, bien qu’ayant séquestré du carbone tout au long de sa vie en forêt, perd toute sa carboneutralité lorsqu’il est envoyé en Asie pour être transformé, avec peut-être six lignes de colle, et ramené ici. Pour répondre directement à la question, plusieurs entreprises sont présentement en développement de produits biosourcés. Et les autres n’auront pas le choix. S : Des détails sur ce point? R. C. : Ce qui se passe en Europe avec la fameuse Living Building Challenge Red List, qui recense et interdit tous les produits

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