Magazine Surface Vol. 39 No 2

VOL. 39 NO 2 42 DOSSIER utilisateurs domestiques, serait promis à un avenir brillant pour la communauté des affaires. Il est aussi question de la nouvelle promesse d’Amazon de livrer n’importe quel produit en une heure, ce qui voudrait que ça pourrait sonner le glas de la plupart des distributeurs actuels. Et qu’en est-il des nouveaux modèles d’affaires tel celui d’Anatolia, qui gagne annuellement des parts de marché sur la base de son modèle intégré, de la carrière à l’usine, et qui détient sa propre flotte de livraison? Et surtout, que penser de Temu, la plateforme de vente en ligne à mi-chemin entre un site d’achats groupés et un site de liquidation, qui inquiète déjà? L’entreprise, dont le siège social est aux États-Unis, appartient à une société chinoise, PDD Holdings, qui utilise des logiciels malveillants pour pister ses clients à travers sa plateforme exclusive au marché chinois, Pinduoduo. Lancé au Canada en février 2023, le modèle de Temu s’avère simple : il vend des produits obtenus directement des fabricants chinois. Le site saute un intermédiaire, soit le marchand nord-américain qui s’approvisionne lui aussi en Chine, mais qui doit payer pour l’importation et les frais d’entreposage de ses produits. Temu expédie les achats de ses clients directement de Chine. Aux États-Unis, Temu soulève en plus des questions de sécurité nationale, alors qu’elle se classe actuellement comme l’application mobile la plus téléchargée de l’App Store d’Apple au Canada et aux États-Unis. POUR UNE POLITIQUE DE PROTECTIONNISME? Devant la montée des plateformes et du lobbyisme des usines chinoises, la possibilité d’une réglementation, voire d’une politique de protectionnisme canadien s’impose d’elle-même. À l’instar des États-Unis, le Canada devrait-il se doter, pendant qu’il est encore temps, de mesures visant l’importation de produits chinois? « Pour l’heure, le gouvernement ne joue pas bien son rôle visant à assurer que les produits qui entrent ici respectent les normes relatives à la santé, précise David Secours. Espérons que la nouvelle certification imposée, CARB 2, en vigueur depuis janvier 2023, permettra de reprérer les cas problématiques et de les refouler aux douanes. Car il est faux de croire que les tous les produits importés de Chine respectent cette norme. On sait que plusieurs trichent au sujet des cotes AC3, qui sont souvent des AC2 ou AC1. Cela pourrait certainement constituer des barrières à l’entrée de ces produits, peu importe la méthode d’importation. » En l’absence de cadre législatif clair de la part du gouvernement de Justin Trudeau, lui-même empêtré dans les filets de l’ingérance chinoise dans les affaires canadiennes, l’industrie se voit forcée de s’autoréguler, de se livrer à des luttes intestines. On parle de plus en plus d’un front commun des distributeurs pour poser un ultimatum aux détaillants qui importent des usines chinoises, dont les méthodes et pratiques viennent remettre en question l’ordre établi. « Si tu deviens importateur, les distributeurs risquent, avec raison, de cesser de t’approvisionner », explique M. Marcotte. Une opinion que partage également David Secours : « On ne m’a pas encore pressenti à ce sujet, mais ce serait la chose à faire afin de garder un marché sain. Car, au-delà des détaillants spécialisés, d’autres joueurs s’intéressent aux possibles économies. C’est le cas des experts après-sinistre, qui tentent d’éviter les distributeurs et les marchands spécialistes. Allez chez Pro-Fil, ce sont les experts dans le domaine. » « Selon ce que j’en sais, ça ressemble à une revanche, fait valoir M. Gravel. Les marchands l’ont fait avec l’ADCPQ, c’est à notre tour, se disent-ils probablement. J’entends que cette idée de boycott visant la conformité viendrait de certains distributeurs de céramique, qui voudraient voir nos activités d’importation cesser. Mais, pour rappel, certains de ces distributeurs ont commencé à vendre directement aux entrepreneurs il y a quelques années. Certains étaient même en concurrence avec les marchands spécialisés à qui ils vendaient! » Tout étant une affaire de marge bénéficiaire dans ce dossier, Maxim Marcotte offre le mot de la fin : « En mon nom, en celui de Philippe Chapdelaine, directeur général de Flordeco, et celui de toute notre équipe, nous lançons un appel à tous à s’unir afin de démontrer aux distributeurs que nous ne voulons pas nous lancer dans l’importation, car nous voulons travailler de pair avec eux. En échange, nous demandons des ententes plus qu’intéressantes. »

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