Depuis la pandémie, selon plusieurs sources, certains manufacturiers/distributeurs chinois seraient beaucoup plus aggressifs en matière de promotion. Un des manufacturiers avec qui BMB fait affaire a manifesté l’intérêt de s’installer à Toronto et avait commencé les démarches. Après discussion et certaines pressions, il a reculé et les ententes ont été revues. Selon M. Secours, cette promotion de système s’expliquerait par une volonté de la part des Chinois fortunés d’acquérir des devises canadiennes, question de planifier leur futur. Une piste intéressante, qui tend à prouver que le lobbying n’ira qu’en augmentant. DES DÉTAILLANTS PARLENT Il va sans dire que le point de vue sur la situation est sans doute légèrement différent pour les détaillants. Plusieurs d’entre eux reconnaissent avoir été contactés directement ou avoir pressenti certaines usines chinoises, question d’en savoir plus. Ceux ayant finalement décidé d’acheter d’une usine chinoise ont opté pour Biyork. C’est le cas de Clément Grenier, propriétaire de Les Géants du couvre-plancher, qui a pignon sur rue à SaintJean-sur-Richelieu. « J’achète au conteneur, oui, mais toujours à travers le service d’un fournisseur qui est établi au Canada, qui a des entrepôts et un réseau de représentants ici, confirme M. Grenier. Je n’ai pas de contact direct avec un fabricant en Chine. Tout s’effectue à travers mon représentant, quelqu’un qui parle français et qui effectue le même travail que celui d’un distributeur. Il faut interagir avec quelqu’un en qui on a confiance, sinon c’est trop dangereux. » Dans leur cas, il s’agit d’un représentant ayant quitté Centura pour devenir directeur des ventes chez Biyork. Donc, il y a un lien de confiance. Il poursuit : « Tous les produits sont livrés depuis les entrepôts situés à Mississauga, en Ontario. Toutefois, il m’est arrivé de recevoir des offres d’échantillons par avion et des invitations à acheter directement en Chine. Mais je ne suis pas intéressé par ce genre de situation où un représentant chinois arrive accompagné d’un traducteur qui parle à peine anglais, et offre du plancher flottant qu’il faut payer maintenant, sans compte 30 jours. Biyork n’est pas ce genre de compagnie. » Maxim Marcotte, président de La Reine du Couvre-Plancher, à Trois-Rivières, et président du comité des membres affiliés Flordeco, a pour sa part manifesté davantage d’intérêt. « J’ai déjà considéré l’idée d’acheter directement en Chine. Je me suis même rendu là-bas afin de cerner les possibilités en termes de volumes et de prix. Je suis aussi allé à Las Vegas rencontrer différents fournisseurs. J’étais très près de me lancer dans l’importation, révèle M. Marcotte. Mais, au final, cela aurait demandé beaucoup trop de temps, et quelqu’un d’autre aurait dû me remplacer auprès de mes clients. Il faut travailler avec les fournisseurs et distributeurs et leur laisser le volet importation. Les économies, s’il y en a, ne valent pas l’ampleur du risque et de la tâche à accomplir. » Au cours des dernières années, celles liées à la pandémie en tête, les fournisseurs chinois se seraient ajustés à cette « nouvelle réalité », et compterait même sur ce contexte changeant pour gagner de nouveaux adeptes. « Nous avons trouvé un modèle permettant des économies d’échelle, sans avoir à créer une division liée à l’importation, souligne M. Marcotte. Notre spécialité n’est pas là, elle se trouve dans le développement d’affaires et nos relations avec la clientèle. Nous avons eu beaucoup de succès avec Biyork, qui est un fabricant et fournisseur. Ce modèle tend à gagner en importance. Chaque semaine, le directeur des ventes de Biyork vient nous rencontrer et nous avons une excellente relation. Je tiens actuellement toutes les couleurs de la collection vinyle. » Martin Gravel, propriétaire de Lemonde (anciennement Tapis Lemonde), dont le siège social est situé à Boucherville, rappelle les raisons ayant permis aux usines chinoises de percer en sol canadien : « Les détaillants n’ont pas lancé la première pierre dans ce dossier. Lorsque certains distributeurs ont décidé de vendre directement aux entrepreneurs, les détaillants ont dû se tourner vers des solutions alternatives leur permettant de survivre. » Un constat s’impose : le statut de fournisseur ou de distributeur importe finalement peu dans le cadre des opérations quotidiennes d’un détaillant, du moment que la marchandise est livrée et que tout se passe sans problème. « Il y a seulement un intermédiaire de moins », souligne Maxim Marcotte, qui ajoute du même souffle que Biyork pourrait tout autant faire affaire avec un distributeur et se retirer de la distribution, tout comme Schluter Systems a recours à un distributeur ici, mais vend directement en sol américain. DISRUPTIF, VOUS AVEZ DIT DISRUPTIF? Si l’on connaît le plan ultime des usines chinoises, soit de vendre directement au client utilisateur, on ignore encore exactement quelle méthode l’emportera. Car, aux usines chinoises tenant kiosque dans les salons et effectuant leur promotion à l’ancienne succéderont des canaux beaucoup plus disruptifs. On parle ainsi beaucoup du métavers qui, bien qu’il soit un échec auprès des
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