Magazine Surface Vol. 39 No 1

VOL. 39 NO 1 50 C HR ON I QU E S C H L U T E R le sous-plancher. Au même titre, l’absence de joints de périmètre et de joints de contrôle souples, pourtant obligatoires, empêchera l’expansion et la contraction normales des carreaux tout en contribuant à leur perte d’adhérence et à l’effritement des joints. Cela dit, il est relativement facile de déceler un support de ciment-colle inadéquat ou une installation par plots en sondant la surface des carreaux à la recherche de sons vides. VICE CACHÉ OU OCCASION? En général, l’obsession à économiser de l’argent pousse le client à encourager l’installateur à tricher et celui-ci cède souvent à cette pression. Cependant, lorsqu’un produit ou un service périt prématurément, il y a des conséquences légales. Il faut noter que les bris de carrelage sont inhabituels. Le carrelage est d’ailleurs choisi pour ses avantages en matière de résilience, de propreté et surtout de durabilité. Sa défaillance est plutôt attribuable à une préparation des surfaces ou à une méthode d’installation déficiente. En ce sens, les normes stipulent que toute correction du substrat doit se faire avant l’exécution des travaux, puisque l’emploi ou l’installation nécessite l’approbation des matériaux et des surfaces. Quant à la méthode d’installation, celui qui l’emploie l’accepte et doit ultimement assumer son choix. Malheureusement, tout est souvent fait trop rapidement et de travers. Cependant, les normes de l’industrie consacrent une bonne partie de leurs recommandations aux limites des produits de pose et à la préparation adéquate des sols et des murs. Dans le cas du béton, d’après les normes en vigueur, non seulement la plupart des dalles ne présentent pas de fini rugueux, mais elles ne répondent pas non plus aux critères de planitude nécessaires à l’installation de carrelage. L’ACTTM en rajoute en recommandant l’emploi de ciments de nivellement, tout en faisant une mise en garde formelle contre l’installation par plots. Les fabricants de mortiers vont dans le même sens en limitant l’épaisseur de leurs ciments-colles et en interdisant leur utilisation pour corriger des différences de planitude dans le substrat. Selon les normes et les fabricants, la planitude requise pour installer du carrelage est de ¼ po (6 mm) sur 10 pi (305 cm), de 1/8 po (3 mm) sur 10 pi (305 cm) pour tout carreau ayant un côté d’au moins 15 po (38 cm), et de 1/16 po (1,5 mm) sur 24 po (61 cm) si les joints sont d’une largeur de 1/16 po (1,5 mm). Bref, les fabricants et les normes de l’industrie exigent un substrat dont la planitude est proche de celle d’un plateau de table! Pourquoi alors s’entêter ou céder à la pression quand on sait qui l’inspecteur pointera du doigt? Au-delà de la planitude, l’installation de carreaux de grand format exige une couverture de 95 % de l’endos du carreau. Il est donc irraisonnable d’exiger, en vertu des bons principes, que le carreleur absorbe indiscutablement et unilatéralement les coûts de la correction de substrats tout croches! QUEL EST VOTRE PRIX? Malheureusement, l’ensemble de règles et de procédures en place n’est pas garant de la qualité, puisque certaines considérations financières sous-tendent l’incompatibilité entre les produits et les méthodes d’installation. Pendant le processus, différents intervenants peuvent perdre de vue les intérêts du client et la vocation première du carrelage. Au-delà des implications légales, il y a aussi une responsabilité morale, et ironiquement, une occasion d’affaires souvent négligée. Cette occasion réside sans doute dans la générosité et le courage d’éduquer le client sur la solution la mieux adaptée et la plus durable. Après tout, c’est la raison principale motivant le choix du carrelage et la décision de consacrer sa vie comme artisan. Peut-être que la compétitivité et la prospérité ne reposent pas tant sur le prix et le profit, mais plutôt sur la façon de bien cibler les personnes qui méritent notre attention et notre engagement à long terme.

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