VOL. 39 NO 1 49 LA VULNÉRABILITÉ COMMERCIALE DU BUDGET Dans un marché rendu discrétionnaire, certains artisans ont recours à des pratiques douteuses pour rester compétitifs et rentables. L’une d’elles consiste à accepter de travailler sur des substrats inadéquats par crainte de perdre un contrat au profit de la concurrence. C’est pourquoi on en est venu à parler aujourd’hui d’une méthode d’installation qui n’en est pas une : la malencontreuse installation de carrelage par plots, ou par points. Elle consiste à concentrer de grandes quantités de ciment-colle au dos du carreau afin de corriger la planitude du substrat. Considérant que les normes imposent une épaisseur de ciment-colle allant de 1/8 po (3 mm) à ¼ po (6 mm), l’installation par plots dépasse considérablement les limites recommandées. Et même si plusieurs ciments-colles vont jusqu’à ½ po, excéder cette limite s’apparente plus à la méthode d’installation par lit de mortier que par collage direct. Logiquement, l’utilisation de ciment-colle à couche mince implique une préparation préalable des substrats. Le cas échéant, des produits de correction des surfaces sont disponibles pour éviter de mal employer les ciments-colles. PAS SI ÉPAIS, S’IL VOUS PLAÎT L’installation par plots est un problème à plusieurs facettes. D’une part, la couverture déficiente du ciment-colle supporte mal le carreau et le rend vulnérable au poids des charges, aux impacts et aux mouvements inévitables du contre-plaqué ou du béton. Les cavités vides sous le carreau contribuent à l’affaissement du coulis et elles créent un espace propice à l’accumulation d’humidité et à la prolifération des moisissures. La couverture irrégulière peut également se traduire par des changements dans l’apparence des carreaux de céramique et de pierre poreux. D’autre part, la popularité des carreaux de grand format a favorisé l’essor de systèmes anti-dénivellement, car ils produisent des résultats impeccables indépendamment de la planitude du substrat. Cependant, la finition irréprochable peut comporter des vices cachés sous le carrelage. Souvent, le système de cales et de bases travaille à contrer l’irrégularité de couverture et le retrait excessif du ciment-colle. Cette épreuve de force peut aboutir à des différences de niveau entre les bords de carreaux adjacents (balèvres), mais aussi à une perte partielle ou complète d’adhérence. De plus, quand des ciments-colles devant être utilisés avec des truelles de ¼ po x 3/8 po (6 mm x 10 mm) sont appliqués à l’aide de plus grandes truelles ou dans des épaisseurs dépassant largement leurs capacités, la contraction est accentuée. Les espaces vides posent aussi problème pour les installations sur câbles chauffants, puisqu’ils peuvent créer des points de surchauffe au détriment du fil. Une autre astuce employée avec l’installation par plots consiste à contrer la contraction du ciment-colle avec un mélange de mortier plutôt sec. Cependant, c’est un cercle vicieux : plus le ciment-colle est sec, moins le transfert s’exercera à l’endos du carreau. Pis encore, en présence d’un contaminant poussiéreux, si l’endos du carreau n’est pas adéquatement couvert de ciment-colle, le transfert sera déficient ou nul. Le décollement du carrelage sera aussi exacerbé en l’absence de membrane de désolidarisation, puisque l’expansion et la contraction du substrat forceront un mouvement de cisaillement entre le carreau et Changement d’apparence de carreaux poreux installés avec couverture irrégulière.
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