VOL. 38 NO 3 14 VOL. 38 NO 3 15 cliquez sur le code DO S S I E R « Il faut agir. Notre campagne d’attraction et de prime de référencement a porté fruit auprès de la communauté mexicaine, révèle Michel Gariépy. Au lieu de payer une agence de placement, nous avons choisi de donner la prime directement aux employés recruteurs. Même constat pour notre campagne au Congo, où nous avons recruté quatre nouveaux employés. Et ce n’est pas tout : nous attendons 24 travailleurs en provenance de Madagascar d’un jour à l’autre. Seize seront affectés à Saint- Augustin-de-Desmaures, quatre à Daveluyville et quatre autres à Boisbriand, selon un contrat de travail de deux ans. » Beaulieu Canada s’est aussi tournée vers le recrutement à l’international, comme le précise Serge Marceau. « Nous avons embauché 25 employés tunisiens et invité leurs familles, en collaboration avec l’organisme Forum 2020. Nous avons implanté un système de transport de Saint-Hyacinthe à Acton Vale, et prévu une phase d’intégration de 10 semaines, qui explique également dans tous les détails la convention collective en vigueur. Vingt autres travailleurs étrangers sont attendus en 2023, qui viendront de la Tunisie, de la Belgique et de la France. Assurer notre pérennité passe par l’immigration à 80 %. » « Sika a établi certains partenariats avec différentes organisations spécialisées dans l’immigration pour travailleurs étrangers, mais le gouvernement rend le processus difficile », selon Naji Ghanem. On renchérit sur ce point : « La machine gouvernementale n’aide pas beaucoup les entreprises manufacturières. Ça prend un an pour obtenir un travailleur étranger, cela représente des coûts et il faut être en mesure de les assumer », prend bien soin de noter Serge Marceau, de Beaulieu Canada, qui ajoute du même souffle que les différents paliers de gouvernement sont les principaux responsables de cette pénurie, résultant d’un manque de vision et de proactivité. DOMO ARRIGATO, MR. ROBOTO Quand vient le temps de remplacer les absents par des machines, tout ne se déroule pas comme sur des roulettes. En effet, l’automatisation exige la présence d’opérateurs humains, qui veillent au contrôle de la qualité des méthodes et produits, des postes qui demandent des formations techniques plus poussées, et donc souvent plus rares. « Pour nous, la clé du succès passe par l’automatisation visant à la suppression des tâches plus exigeantes physiquement ou plus répétitives. Ces aires de travail nécessitent certes un opérateur du contrôle de la qualité, mais il s’agit d’un poste plus spécialisé et un peu mieux payé, donc possiblement à même d’attirer des gens plus engagés », relativise Michel Gariépy. Mais, qu’on se le dise, l’industrie de la mécanisation des procédés vit elle aussi une ère de pénurie de main-d’œuvre, en plus d’être sollicitée comme jamais pour pallier les autres secteurs industriels aux prises avec le même problème. Plusieurs interviewés l’ont confirmé : on peut attendre plus d’un an avant de voir son projet se concrétiser en usine. Pas exactement la panacée instantanée… Nicolas Jean, de Boa-Franc, offre le mot de la fin en résumant la vision commerciale de l’ensemble des joueurs de l’industrie : « Le présent et le futur passent par l’automatisation et les travailleurs étrangers. Bien sûr, on aimerait engager quelqu’un du village voisin, ça serait plus simple, moins coûteux en gestion de permis de travail et beaucoup plus rapide, mais ça ne suffira pas, malheureusement. Il faut apprendre à vivre dans ce nouveau monde, où il est normal de changer souvent d’emploi, et où certains prédisent que 80 % des gens travailleront à 80 % depuis leur maison. Je ne crois pas que ce sera le cas, mais qu’on vivra quelque part entre l’avant-pandémie et l’état actuel des choses. Et peut-être assisterons-nous à un changement chez les membres de la nouvelle génération, peut-être lorsqu’ils n’auront plus à seulement s’autosuffire, lorsqu’ils auront des enfants… » cliquez sur le code
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