VOL. 38 NO 2 40 P O R T R A I T D ’ E N T R E P R I S E cette période. « En 2021, nous avons connu une année record. Si on s’était fié à ces résultats pour établir le prix de vente du magasin, ça aurait pu rendre la transaction difficile à réaliser », dit Denis Lanctôt. C’est pourquoi, quand il a été décidé de finaliser les démarches en décembre 2021, le propriétaire a choisi d’utiliser les résultats financiers de 2020 pour établir la valeur de ses magasins. Ce compromis fait aussi partie de ces fameuses valeurs d’entreprises : « Mon but ultime, c’est d’assurer la pérennité de l’entreprise par respect pour les ancêtres », a de nouveau répété Denis Lanctôt. LE SECRET : SAVOIR S’ADAPTER Voilà un gros défi pour les deux jeunes propriétaires, qui se retrouvent à la tête d’un commerce florissant dans un marché en pleine ébullition. Il n’y a pas si longtemps, on disait que les détaillants spécialisés en couvre-planchers fonctionnaient encore avec des télécopieurs pour passer leurs commandes, qu’ils n’avaient pas de site Internet et encore moins de site transactionnel. Par contre, avec l’arrivée des nouvelles générations comme Francis et Marc-Olivier, les magasins prennent les virages technologiques à la vitesse grand V. « Il n’y a qu’une seule façon d’assurer la continuité d’un magasin comme le nôtre : s’adapter. Il faut apprendre à gérer les changements, il faut savoir se repositionner continuellement face à la concurrence », explique Francis. C’est ce qu’ont fait les générations antérieures. En 1986, Denis, Louis et Michel Lanctôt déménagent le magasin qui était situé au centre-ville dans un complexe commercial beaucoup plus grand. Les nouvelles installations permettent de suivre les tendances du marché. En 1998, Michel contribue largement à l’ouverture d’une succursale à Longueuil. Par la suite, les magasins changent peu à peu d’orientation. La division commerciale prend largement le dessus sur la division résidentielle avec près des deux tiers du chiffre d’affaires de l’entreprise. Les ventes résidentielles ne sont plus du prêt-à-emporter; elles deviennent, de plus en plus, des projets clé en main avec un service de design d’intérieur et l’installation des produits. « Se repositionner sur le marché, c’est un processus difficile et même audacieux. Présentement, nous devons favoriser le Avant d’être nommée directrice des ventes chez Fuzion, Gina Raschella a cumulé plusieurs fonctions et expériences lui ayant permis de devenir coach professionnelle en transfert d’entreprises familiales pendant plusieurs années. À preuve : après avoir terminé des études universitaires en sciences politiques, Gina Raschella, qui a travaillé au sein d’une entreprise familiale pendant quelques années, travaille ensuite au sein d’une agence de publicité, devient chef d’entreprise et décroche un certificat en psychologie. Lors de ses passages professionnels à titre de représentante pour DuPont Revêtements de sol (Est du Canada), d’agente pour Tapis Venture et de directrice de suc- cursale pour Shnier à Québec, elle confirme sa prédilection pour l’industrie du couvre-plancher. Un domaine qu’elle ne quittera plus. service à la clientèle avec des produits plus haut de gamme, et ce, au risque de perdre une clientèle qui recherche des bas prix, dit-il. En fait, le repositionnement est un processus continu. La prochaine grande révolution dans notre secteur sera probablement le commerce en ligne. Pour l’instant, je considère que notre modèle actuel est encore ce qui fonctionne le mieux avec notre clientèle. La vente en magasin, quand on considère le rapport qualité, prix, service, en donne plus aux consommateurs que la vente en ligne. » Ce constat, aujourd’hui, pourrait changer très rapidement avec l’arrivée des métavers, de la réalité augmentée et la grande influence des réseaux dans les prises de décision des consommateurs. Pour vous donner un exemple de dynamique qu’a créée l’arrivée des deux jeunes Lanctôt, la question du site Internet est revenue à l’avant-plan lors d’une réunion. Pour Denis, la refonte du site Internet ne pressait pas vraiment. Pour Francis, c’était urgent. Et pour Marc-Olivier, c’était très très urgent. Il aura donc fallu l’arrivée de cette nouvelle génération pour que ce projet aille de l’avant. « Marc-Olivier est neuf ans plus jeune que moi. Pour lui, les réseaux sociaux revêtent un réel intérêt, ce qui n’est pas mon cas », poursuit Francis. Pour ce dernier, la formule actuelle de magasin est là pour rester un bon bout de temps. Concernant Internet, la jeune équipe de Lanctôt Couvre-sol Design a décidé d’utiliser cet outil comme vitrine. Voici ce qu’en dit Francis : « C’est pertinent, ça donne des résultats, c’est même très bon. Pour ce qui est du commerce en ligne, disons qu’on est à l’affût, mais on n’est pas encore décidé à sauter dans le train. » Quand on lui fait remarquer que les prochaines générations — les jeunes pousses qui ont entre 15 et 20 ans — vont peut-être commander leurs planchers à partir de leur téléphone intelligent et d’un casque de réalité virtuelle, il répond tout bonnement que ça pourrait arriver dans 10 ou 15 ans. Ce sera peut-être à une sixième génération de Lanctôt qu’incombera la tâche de s’adapter à cet autre changement. P o u r l i r e l e ma g a z i n e n umé r i q u e d e L a n c t ô t , c l i q u e z s u r l e c o d e Q R . cliquez sur le code
RkJQdWJsaXNoZXIy MjQ1OTU=