Magazine Surface Vol. 38 No 2

VOL. 38 NO 2 38 VOL. 38 NO 2 39 P O R T R A I T D ’ E N T R E P R I S E Quand Joseph-Aimé Lanctôt a fondé un magasin général dans le petit village de Saint-Isodore en 1883, il était loin de se douter que son commerce deviendrait l’un des plus anciens du Québec. Au fil des années, le magasin se transforme peu à peu sous la gouverne des Lanctôt, passant tour à tour entre les mains des nouvelles générations. Après le fondateur, il y a eu Côme, Paul, André, Denis, Louis, Michel et finalement, Francis et Marc-Olivier, une cinquième génération de Lanctôt. C’est vraiment ce qu’on peut appeler une affaire de famille. Aujourd’hui, Lanctôt Couvre-sol Design est l’un des plus importants magasins spécialisés dans les planchers au Québec. Le commerce de Saint-Isidore s’étale sur près de 100 000 pi ca, avec une équipe de 90 employés, dont 8 à la succursale de Longueuil, qui a été ouverte en 1998. Même si Denis (4e génération) est encore dans le giron de l’entreprise, c’est désormais Francis et Marc-Olivier qui en sont les copropriétaires. « Bien avant de prendre ma retraite, je songeais déjà au transfert du magasin à une autre génération de Lanctôt , explique Denis Lanctôt. C’est pourquoi nous avons formé un comité de direction, composé d’un directeur des ventes résidentielles, d’un directeur des ventes commerciales, d’un directeur du marketing et des ressources humaines et d’un directeur des finances. » UN TRANSFERT SANS HEURT Pour Francis et Marc-Olivier, qui ont maintenant le sort de l’entreprise sur leurs épaules, est-ce un rêve qui devient réalité ou ont-ils tout simplement senti la pression de prendre la relève? « Bizarrement, à 14-15 ans, on avait déjà en tête, Marc-Olivier et moi, le désir de prendre la relève un jour. La culture entrepreneuriale est tellement ancrée en nous, ça fait partie de notre ADN », explique Francis. Les deux cousins ont en effet grandi dans une famille de commerce de détail. Leur grand-père leur a transmis toutes les valeurs de l’organisation, alors qu’ils étaient encore à l’âge de jouer au Nintendo. Leur première emploi d’été a évidemment été dans le magasin familial. Bref, tous les astres étaient alignés pour qu’ils deviennent les propriétaires de l’entreprise. En revanche, tous les spécialistes en transfert d’entreprise s’entendent pour dire que ce n’est jamais simple de transférer les pouvoirs à une autre génération. Ça prend du temps et beaucoup de planification. Mais le transfert d’entreprise, ça semble aussi être dans les gènes de cette famille. D’autant plus que pour Denis Lanctôt, qui était le propriétaire unique des deux magasins, son plus cher désir était d’assurer la pérennité de l’entreprise. « Quand est venu le temps de vendre, nous avons pris la sage décision d’évaluer la compatibilité du personnel en L ANC T Ô T C OU V R E - S O L D E S I GN : UN E A F FA I R E D E FAM I L L E place, autant celle du comité de direction que celle des membres de la famille », explique-t-il. « Pour ce faire, nous avons travaillé avec Gina Raschella, coach spécialisée en transfert d’entreprise. Cet exercice nous a permis, en quelque sorte, de couler le solage de la transaction. » « Il ne faut pas minimiser l’aspect humain d’une transaction aussi importante. Les futurs dirigeants doivent avoir des affinités avec l’équipe qui est déjà en place , précise Gina Raschella. Ça prend un minimum de trois ans pour bien planifier un transfert d’entreprise. » La coach professionnelle a eu, tout d’abord, quelques rencontres avec le propriétaire afin de connaître ses véritables intentions. Celui-ci devait avoir un regard éclairé sur le choix des futurs acquéreurs de l’entreprise. Il lui fallait connaître leur capacité à prendre la direction des magasins. « C’est pourquoi j’ai fait passer des tests psychométriques à Francis et à Marc-Olivier, ainsi qu’à Denis », enchaîne Gina Raschella. À la lumière des résultats, la coach a organisé plusieurs rencontres avec les deux parties. C’est la meilleure façon de s’assurer que les membres de cette équipe vont travailler dans le même sens. « J’essaie toujours de mettre en évidence les forces des individus, lors de ces réunions. Il faut leur démontrer que lorsque tout le monde tire dans la même direction, il est possible d’accomplir de grandes choses », conclut-elle. Il fallait aussi respecter ces fameuses valeurs transmises de génération en génération. Pour assurer la survie et la croissance du commerce, Denis Lanctôt a accepté plusieurs compromis financiers afin de faciliter la transaction. « C’est au début de 2019 que les démarches légales et fiscales ont débuté avec l’intention de finaliser tout ça en 2020, raconte Denis Lanctôt. Nous avons choisi un comptable, avec l’accord des futurs propriétaires, qui allait nous aider à déterminer la valeur marchande du commerce et les modalités d’achat. » Malheureusement, la pandémie due à la COVID-19 a quelque peu brouillé les cartes. Contrairement à d’autres secteurs d’activités comme la restauration, le tourisme et la culture, la construction et la rénovation ont connu un boom spectaculaire durant Denis Lanctôt entrouré des deux nouveaux propriétaires, Francis Lanctôt à sa gauche et Marc-Olivier Lanctôt à sa droite. par Marcel Soucy

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