VOL. 38 NO 2 10 VOL. 38 NO 2 11 trouvé de repreneur à l’interne pour assurer une troisième génération, se souvient-elle. Elle est donc passée dans le giron d’un premier groupe d’actionnaires, pour ensuite être revendue à un second groupe moins de quatre années plus tard. Ce fut catastrophique. Tout n’est devenu qu’orienté en fonction des profits des actionnaires, et la culture familiale de l’entreprise a rapidement disparu. » Inspirée par cette situation, et soucieuse de faire les choses différemment, elle profite d’une année sabbatique pour suivre une formation professionnelle intensive de coaching. Pas moins de 28 entreprises familiales, dont plusieurs dans notre industrie, ont bénéficié de son apport. « Un transfert familial permet au cédant de préciser les conditions qu’il juge idéales pour lui, confie Gina Raschella. Cela peut impliquer une activité au sein de la compagnie pendant encore deux, cinq ou dix ans, ce qui, en retour peut occasionner des frictions, des dysfonctions, des incertitudes pour les repreneurs. Comme les services d’une coach peuvent être retenus à presque n’importe quelle étape du processus, la confiance entre les parties est impérative pour atteindre l’objectif, sinon on ne peut rien faire. » Ce que confirme Catherine Beaucage. « Au Québec, les données d’il y a quelques années révélaient que seulement 24 % des relèves familiales se soldaient par une réussite après cinq ans. Ce qui signifie que 76 % échouent. C’est pourquoi il importe de s’outiller le mieux possible en ayant recours aux spécialistes », note Mme Raschella. Mais, plusieurs chefs d’entreprise familiale hésitent à débourser pour de l’aide professionnelle, arguant qu’ils ont le droit de prendre les décisions qui leur apparaissent les meilleures. Ce qui, dans les faits, génèrent souvent des querelles familiales irréconciliables. « Pire encore, devant les obstacles rencontrés, les propriétaires lancent souvent la serviette et se tournent vers des repreneurs extérieurs, ce qui ne résout rien et peut même aggraver davantage le climat familial », constate cette dernière. Ne reste qu’à espérer que le contexte pandémique aura au moins eu ceci de bon : que les chefs d’entreprise familiale prennent conscience du fait que le marché ne sera plus jamais le même. « Une prise de conscience est toujours un accélérateur pour relever les défis », conclut Mme Raschella. QUESTION(S) DE GÉNÉRATION(S) Bien qu’en hausse, les troisième et quatrième générations à la tête des entreprises demeurent très minoritaires, selon l’enquête Album de famille publiée en 2021 par Familles en affaires — HEC. En effet, 12 % des entreprises familiales seraient dirigées par la troisième génération (petits-enfants du fondateur), et dans 62,5 % des cas, ces entreprises auraient été créées avant 1960. On apprend aussi que 5 % des entreprises sondées auraient à leur tête des dirigeants de la quatrième génération ou plus et que dans 65 % des cas, ces entreprises auraient eu pignon sur rue avant 1960. Les entreprises spécialisées dans le revêtement de sol présentent plusieurs de ces belles histoires de longévité familiale. Certaines d’entre elles ont accepté de répondre à nos questions, dont voici les détails. VIVE LES TROISIÈMES GÉNÉRATIONS! En 1971, lorsque Denis Chapdelaine, installateur, fonde Tapis Chapdelaine à Saint-Charles, près de Drummondville, il ne se doute pas que l’entreprise verra une troisième (et qui sait, une quatrième ?) génération perpétuer son offre de service. Au début des années 80, son bras droit Laurent Turcotte reprend l’entreprise pour ensuite la relocaliser à Drummondville en 2010 sous la bannière Déco Surfaces et sous la raison sociale Couvre-plancher Chapdelaine. C’est en janvier 2019 que son fils Julien Turcotte, son neveu Charles Bilodeau et Jimmi Daneau, employé, décident de s’associer pour assurer la relève. « Je suis dans le milieu depuis 25 ans. J’ai débuté à l’âge de 16 ans chez un autre détaillant, se rappelle M. Daneau. En 2017, M. Turcotte approchait les 65 ans et songeait à la relève. Nous avons manifesté notre intérêt rapidement. Gina Raschella nous a accompagnés dans le processus sur près de 18 mois, question de s’assurer que tout le monde soit animé par la même vision. Et depuis le transfert, M. Turcotte est toujours des nôtres, à titre d’employé trois jours par semaine, et effectue ses tâches favorites : devis, soumissions, rencontres de clients. Nous sommes heureux de sa présence et de son apport. Cela dit, avant de se lancer dans cette belle aventure, le trio d’associés s’est doté des outils nécessaires pour maintenir le niveau de la compagnie et envisager sa croissance. « Nous avons aussi retenu les services d’un notaire, d’une firme comptable, et avons suivi des cours du soir nous permettant de bien comprendre, entre autres choses, les états financiers. Plusieurs réalités demandaient à être clarifiées, notamment la gestion de liquidité », souligne M. Daneau. Trois ans et une pandémie plus tard, le constat est plus que positif. cliquez sur le code DO S S I E R
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