Magazine Surface Vol. 38 No 1

vol. 38 no 1 10 vol. 38 no 1 11 d o s s i e r Sabrina Pelletier, du Groupe Pelletier. Conciliation travail-famille « Nous, ça fait 20 ans que nous sommes fermés le dimanche, lance d’entrée de jeu Sabrina Pelletier, directrice des ventes et du marketing du Groupe Pelletier. Pour moi, ce serait impensable de demander à mes employés de travailler le dimanche. Nous sommes dans un secteur où le service au client est primordial. Les gens qui entrent dans nos magasins s’attendent à obtenir des conseils qu’ils n’obtiendront pas ailleurs. Avec la pénurie de la main-d’œuvre et, surtout, avec la nécessité de s’adapter aux besoins de nos employés, pour qui la conciliation travail-famille prend de plus en plus d’importance, impossible de même penser ouvrir sept jours sur sept. » Voilà qui est clair. Sabrina Pelletier m’a même mentionné qu’ellemême n’est pas intéressée à magasiner le dimanche, parce qu’elle est bien consciente que le service n’est pas le même. Une des solutions préconisées par Sabrina Pelletier est le commerce en ligne : « Les clients pourraient consulter l’un de nos designers en semaine ou le samedi et, par la suite, passer leur commande assis confortablement dans leur salle à manger un dimanche matin sur notre site Internet », poursuit-elle. « C’est la voie de l’avenir. On évite ainsi à nos clients de passer deux fois en magasin. Cependant, pour concurrencer les grandes surfaces qui font du commerce en ligne depuis déjà un bon petit bout de temps, il faut se démarquer. Il faut offrir un service de livraison personnalisé. Il y a une grosse différence entre décharger une palette de boîtes de carreaux de céramique dans l’entrée du client ou aller porter ces mêmes carreaux dans la pièce où ils seront installés. » Nous avons aussi discuté avec Philippe Chapdelaine, directeur général des marchands Flordeco, afin de connaître la position de son regroupement sur ce sujet. À l’instar de tous les autres marchands spécialisés, il est d’accord avec le principe de fermer les commerces le dimanche. Une courte recherche sur le site de Flordeco nous a permis de constater que tous les marchands de cette bannière sont fermés le dimanche, trois sont fermés aussi le samedi et trois autres sont ouverts le samedi sur rendez-vous seulement. qui veut encore travailler le dimanche? Lorsque j’ai mentionné à Richard Darveau, président de l’AQMAT, que la plupart des détaillants spécialisés étaient fermés le dimanche, sauf ceux dans certaines régions où les concurrents restent ouverts, voici ce qu’il m’a répondu : « C’est là que le bât qui blesse. Quand un marchand spécialisé, un vendeur de foyers, par exemple, n’a pas de concurrents dans un rayon de 75 kilomètres, il peut bien faire ce qu’il veut. » Lorsqu’un détaillant spécialisé est entouré de gros joueurs généralistes comme les Costco, Rona et autres, les règles du jeu ne sont plus les mêmes. C’est dans ce contexte que la loi actuelle désavantage les petits détaillants — autant les quincailleries que les spécialistes du plancher. « Les grandes surfaces utilisent au maximum les heures d’ouverture permises par la loi, ils vont même faire des pressions pour que ces heures soient prolongées, parce que leurs grands frères aux États-Unis agissent comme ça. Ils en ont les moyens. Ils ont les capacités financières pour rendre le travail le dimanche plus attrayant en augmentant le taux horaire des employés ou en leur offrant des bonis dominicaux », poursuit-il. L’AQMAT a d’ailleurs mené une enquête auprès de ses membres, et elle a constaté que cette loi, votée en 1992, n’a jamais fait l’unanimité chez les quincailliers. Aujourd’hui, près de 80 % d’entre eux aimeraient que la loi soit modifiée pour obliger tous les commerces de l’industrie de la quincaillerie et des matériaux — incluant les spécialistes — à fermer leurs portes le dimanche. Toujours selon Richard Darveau, c’est la conciliation travailfamille qui est devenue l’une des plus grandes priorités des travailleurs (autant pour les nouvelles générations que les plus vieux). « Maintenant, dans les quincailleries, les employés ne veulent plus travailler le dimanche. Même les propriétaires ont adhéré à cette nouvelle mentalité. Malheureusement pour elles, fermer le dimanche veut dire perdre des parts de marché au profit des grandes surfaces. On ne s’en sort pas, seul un amendement de la loi pourra régler ce problème. » Il ne faut pas oublier les ventes en ligne. Un commerce pourrait être fermé le dimanche tout en permettant à des clients d’aller chercher, le dimanche, des produits préalablement achetés et payés sur le Web. Ce serait une façon de contourner le problème. L’AQMAT est présentement à la recherche de financement pour mener une étude économique indépendante qui pourrait répondre à la question suivante : est-ce que le statu quo est la meilleure option pour soutenir le patrimoine du commerce de détail au Québec? À suivre... Richard Darveau, président de l'AQMAT. cliquez sur le code

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